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La basilique Sainte-Anne-du-Congo

Lundi 4 Novembre 2013 - 0:46

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Depuis quelques semaines, un calicot suspendu à la grille d’entrée de la basilique Sainte-Anne affiche : « 1943-2013, 70 ans ». Il s’agit, historiquement, de la célébration du soixante-dixième anniversaire du début des travaux de la construction de cet édifice planté au cœur de Poto-Poto, auquel il s’identifie depuis toujours. Il est construit sur un promontoire alors habité par les familles Do Santos, Balou et Gaïna (infirmier d’origine centrafricaine), déplacées entre 1940 et 1943 pour permettre l’érection de la basilique. C’est Roger Errel qui en est l’architecte principal. En 1945, il s’adjoignit le sculpteur Benoît Konongo en qualité de dessinateur.

L’inauguration et la consécration de la basilique Sainte-Anne, au son de La Messe des piroguiers de Mme Barrat-Peppert, par Mgr Biéchy, vicaire apostolique de Brazzaville, ont lieu le 1er novembre 1949. La basilique Sainte-Anne-du-Congo doit son nom à la basilique Sainte-Anne-d’Auray, en Bretagne, la région natale du père Nicolas Moysan qui lui donna ce nom.

J’en ai connu les tours et détours grâce au père Didace Malanda, curé de l’église à l’époque, mon précepteur en latin. Actuellement en France dans une maison de retraite, Didace Malanda est l’un des premiers spiritains congolais. Il a présidé dimanche 25 septembre 2005, à Saint-Georges-de-Rouelley (Manche), une messe à l’occasion de ses noces d’or (cinquante ans de vie sacerdotale).

À cette occasion, il déclarait : « Le 8 septembre 1955, à Cellule, dans le Puy-de-Dôme, je faisais mes vœux dans la congrégation des missionnaires du Saint-Esprit, au terme d’une année de noviciat. Ce dernier a eu lieu après mes trois années de philosophie au séminaire Libermann de Brazzaville et avant mes quatre années de théologie au séminaire de Chevilly, dans la banlieue parisienne. Ordonné prêtre le 5 octobre 1958, j’ai été envoyé l’année d’après en mission où mes tâches ont été les plus diverses : formation, œuvres, presse écrite, ministère paroissial de brousse, de ville, etc. À part deux ans, dans les débuts, pour des études de morale à Lovanium, à Kinshasa, je suis resté presque constamment en pastorale. » Tel est l’itinéraire de cet homme connu à Poto-Poto.

C’est ici l’occasion de rappeler que les abbés Félix Bekiabeka, Louis Badila (disparus), Noël Nifoumini, Isidore Malonga, André Nkeko, entre autres, ont servi à Sainte-Anne-du-Congo. Avant eux, on peut citer Nicolas Moysan (1943-1967), Charles Lecomte (1943-1945), Fulbert Youlou (1947-1953). À ces religieux, il convient d’ajouter des laïcs dont l’activité a contribué au rayonnement de la basilique : Félix Malekat, Hyacinthe Bakanga, Bernard Mambéké-Boucher, Emmanuel Dadet. Georges Mabona, infatigable bretteur, a repris le flambeau depuis. Quand on pense à Sainte-Anne, on voit Évariste Épona, débonnaire, dont la présence était familière à tous les enfants de Poto-Poto qui déambulaient dans les environs de la basilique. « Bain Tchobin », piscine de fortune, dans lequel s’ébrouaient les enfants de Poto-Poto le jour des matchs de football au stade Félix-Éboué, était tout proche.

Sainte-Anne a été un foyer fécond du scoutisme, animé par Jean-Marie-Mokoko (père), Henri Pangui, et Gabriel Mahoukou. De Sainte-Anne-du-Congo sont issus des syndicalistes célèbres : Gilbert Pongault, François Gandou, Pascal Ockyemba-Morlendé, dont les noms sont intimement liés au soulèvement populaire des 13, 14 et 15 août 1963. Au plan sportif, Sainte-Anne, avec son équipe Patronage, a donné au Congo des footballeurs prestigieux comme Foundoux Mulélé, Miéré Chine, Miéré Richard, Filankembo Lipopo, Ibovi, Lazare Mekoyo, Ébomoua Daniel, Balékita Claise, Mbia Makoul, Ombélé, etc.

À n’en point douter, la basilique Sainte-Anne-du-Congo trônera encore longtemps sur la place du village Poto-Poto.

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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