La diplomatie du pape François place l’Afrique dans ses priorités

Mercredi 15 Janvier 2014 - 18:46

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Paix en Centrafrique et au Soudan du Sud, dialogue entre les religions au Nigéria, lutte contre la pauvreté : le chef de l’Eglise catholique a formulé une série de vœux pour l'Afrique en 2014

C’est en début de semaine qu’est intervenue, au Vatican, la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux de Nouvel An au pape. Les ambassadeurs des 180 pays accrédités au Saint-Siège, dont ceux des deux Congo, ont été accueillis dans la salle de Régie. Pour bon nombre d’entre eux, c’était la première rencontre avec le pape argentin élu en mars dernier. Nouveau pape, nouveau style, nouvelle approche des problèmes aussi, même si l’Église catholique reste constante dans son message de solidarité et fraternité entre tous les peuples.

« Je souhaite que l'attention de la communauté internationale contribue à faire cesser les violences, à rétablir l'état de droit et à garantir l'accès de l'aide humanitaire, même dans les zones les plus reculées du pays », a d’emblée dit le souverain pontife parlant de la République centrafricaine. Alors que les violences ont fait craindre une grave confrontation entre musulmans et chrétiens centrafricains, le pape a réaffirmé que, pour leur part, les chrétiens en Afrique « sont appelés à témoigner de l'amour et de la miséricorde de Dieu : il ne faut jamais renoncer à faire le bien, même quand c'est difficile et quand on subit des actes d'intolérance ou même de vraies persécutions ».

Le pape a aussi évoqué le Nigéria, pays saigné par le harcèlement continu de la secte islamiste Boko Haram contre les chrétiens. Il a noté, en le déplorant, que « dans de grandes zones de ce pays, les violences ne cessent pas et beaucoup de sang innocent continue à être versé. » Il a parlé du Soudan du Sud où doivent cesser les violences et les combats fratricides, encourageant à une solution de paix par le dialogue aujourd’hui difficultueusement ouvert à Addis-Abeba. Il a aussi parlé de la faim qui contraint « des multitudes » de personnes à fuir « en particulier dans la Corne de l’Afrique et dans la Région des Grands Lacs ».

« Beaucoup, a dénoncé le chef de l’Église catholique, vivent en déplacés et en réfugiés dans des camps où ils ne sont plus considérés comme des personnes, mais comme des numéros anonymes. D’autres, avec l’espérance d’une vie meilleure, entreprennent des voyages de fortune, qui, bien souvent, se terminent tragiquement […]. La brève visite que j’ai faite à Lampedusa en juillet dernier, pour prier pour les nombreux naufragés en Méditerranée, est encore vive dans ma mémoire. Malheureusement, il y a une indifférence générale devant de semblables tragédies, signe dramatique de la perte du sens de la responsabilité fraternelle, sur lequel est basée toute société civile. »

Les vœux des ambassadeurs, présentés en leur nom par leur doyen, l’ambassadeur de Monaco, sont intervenus à quelques heures de l’annonce par le Vatican de la signature d’un accord de coopération bilatérale avec le Cameroun. La diplomatie vaticane, très soucieuse de l’Afrique – et même de l’Afrique centrale ces jours-ci -, a voulu ainsi tracer le cadre juridique de l’activité de l’Église auprès de Yaoundé pour le bien commun de tous les Camerounais. C’est en tout cas ainsi que les signataires, le nonce apostolique Piero Pioppo pour le Vatican et Pierre Moukoko, ministre des Affaires étrangères pour le Cameroun, ont défini ce texte qui comporte neuf articles, est-il précisé.

Lucien Mpama