Opinion

  • Réflexion

La France reviendra-t-elle vers l’Afrique ?

Lundi 28 Novembre 2016 - 16:13

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Que la France se soit fourvoyée en Afrique ces dix dernières années ne fait pas le moindre doute et n’est d’ailleurs plus nié, en privé du moins, par ceux-là même qui avaient pour mission de maintenir des relations de confiance avec l’ancien empire construit tout au long du dix-neuvième siècle. Mais peut-on conclure de cette prise de conscience tardive que les lignes vont enfin bouger dans le bon sens au cours des prochaines années ? Evidemment non, sauf bien sûr si l’homme qui sera porté dans quelques mois à la tête de l’Etat français affiche clairement et dès maintenant sa volonté d’inscrire le devenir du continent au cœur de sa politique extérieure.

Reconnaissons que dans le moment présent rien ne laisse prévoir une semblable évolution. Engluée dans les querelles internes qui la déchirent et s’aggravent de jour en jour la gauche au pouvoir n’accorde pas la moindre importance à un continent qui, pourtant, est désormais le plus courtisé de la planète par les grandes puissances. Quant à la droite, qui vient de démontrer à la faveur des Primaires tout à la fois son assise populaire et sa volonté de cohésion, rien n’indique, pour le moment du moins, que ses leaders aient réellement conscience de l’enjeu que constitue l’Afrique pour la France sur le plan diplomatique, économique, financier, culturel.

S’il n’est pas encore certain que François Fillon succèdera à François Hollande dans les prestigieux bureaux du Palais de l’Elysée, il parait d’ores et déjà certain que lui seul est capable d’asseoir à nouveau sur des bases solides et durables la coopération entre la France et l’Afrique. Au-delà du clivage gauche-droite, qui repose plus sur des postures idéologiques et philosophiques que sur des convictions profondes, le programme grâce auquel il vient de gagner la primaire au sein de son propre camp est en effet le seul qui puisse rendre à la France sa grandeur, son influence, sa force. Tout simplement parce que si ses dirigeants continuent de vider les caisses de l’Etat, d’accumuler les déficits publics, d’accroître les effectifs des administrations nationales et locales, d’écraser les citoyens et les entreprises sous le poids des impôts et des charges sociales, de se lancer dans des aventures extérieures qui la dépassent, de nier l’ampleur des défis auxquels ils se trouvent confrontés, l’Etat français verra son influence décliner à la vitesse de l’éclair.

La   Grande-Bretagne de  Margaret Thatcher  et  l’Allemagne   d’Angela Merkel 

 –  mais on pourrait citer bien d’autres exemples sur le Vieux Continent – ont démontré sans discussion possible que seuls l’ordre intérieur, la rigueur, l’austérité publique, le rétablissement des grands équilibres économiques et financiers, le respect de la liberté d’entreprendre, l’ouverture raisonnée et raisonnable sur le monde permettent aujourd’hui à une nation de se faire respecter au sein de la communauté internationale. Il ne fait aucun doute, pour nous bien sûr mais aussi pour la plupart des observateurs, que si la France ne suit pas la même voie dans les cinq prochaines années, elle cessera de compter sur la scène internationale, perdra son influence au sein de l’Union européenne et sa crédibilité dans le monde émergent. Croire que la détention de l’arme nucléaire peut la mettre à l’abri d’un tel affaissement serait commettre la plus grave des erreurs stratégiques.

Ajoutons pour conclure provisoirement sur le sujet que l’Afrique devrait être beaucoup plus présente qu’elle ne l’est à Paris dans le moment présent. Non pour relancer ce qu’il était convenu hier d’appeler la Françafrique, mais pour expliquer à ceux qui briguent le pouvoir que nul ne peut plus ignorer le continent, ses attentes, ses ambitions, sa puissance en gestation.

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Réflexion : les derniers articles