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La gestion responsable de l’eau et de l’environnement : les voies du progrès

Samedi 28 Novembre 2015 - 14:20

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La 21e Conférence des Parties (COP21), qui a lieu du 29 novembre au 11 décembre 2015, au Bourget, en France, cherche à limiter par un accord contraignant, le réchauffement climatique mondial à 2 °C d’ici 2100. Pour s’adapter à cette nouvelle norme, chacune des 147 Parties révisera ses objectifs du millénaire pour le développement en matières d’eau, d’assainissement et d’environnement durable et s’engagera à les respecter sous peine de sanctions.

1- De la révision des objectifs stratégiques pour le développement durable : le Congo qui y participe, a vu ses émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, passer de 0,72t CO2/habitant/an en 2000, à 1,1t CO2/habitant/ an en 2015. Il s’engage de les réduire de 48% en 2025, au prix de 3.700 Mds de FCFA, et à 55% en 2035, en développant 70% des énergies renouvelables dès 2025, et 80% en 2035, au détriment des énergies carbonées actuelles. Il poursuivra les objectifs contenus dans son Plan National de Développement, pour améliorer l’accès des ménages à un meilleur assainissement (10,2% en 2006 à 100% en 2015) et à l’eau potable (48,5% à 100%). Le budget pour l’assainissement est de 11 742,47 millions de FCFA pour construire 6 450 nouvelles latrines familiales, 360 latrines publiques et autres infrastructures. En milieu urbain, il fut prévu que l’accès à l’eau potable passerait de 47% en 2006 à 90% en 2015, et en milieu rural, de 16% à 75%. Plus de 350 Mds de FCFA furent investis pour construire et renforcer les ouvrages d’adduction d’eau, améliorer la gouvernance et le contrôle qualitatif et quantitatif de l’eau, moyennant un Contrat d’objectif Etat-Société Nationale de Distribution d’Eau (SNDE) pour des maigres résultats.

2- Des résultats : le pourcentage des bacs de voirie publique est passé de 6,1% à 1,9%, alors que 22,6% des ménages seulement utilisent le système commode d’évacuation des déchets, contre 59,9% qui les déposent dans la nature, 11,4% qui les brûlent et 5,2% qui les enfouissent dans le sol. En milieu urbain seulement 9% de ménages disposent de latrines type fosses septiques et 0.5% de ménages en milieu rural. Le taux d’accès à l’assainissement est passé de 10,2 % en 2006 à 44,9 % en 2012. Les investissements en assainissement représentent 0,5% du PIB, alors que le coût du non accès à l’assainissement pour l’Etat est de 1,1% du PIB/an (Water and Sanitation Program, 2012). Les ménages ayant l’accès à l’eau potable ne sont passés que de 48,5 % en 2006 à 76% en 2014. En milieu urbain, ces taux ne sont passés que de 47 % à 72%, et en milieu rural, de 16% à 47%. Ces résultats contrastent avec les ressources disponibles.

3- Des ressources en eau : avec un potentiel de 88.196 m3/an/habitant, le Congo est un pays à ressources pléthoriques en eau. Les bassins du Congo et du Kouilou-Niari offrent des ressources en eau douce de 1.588 Mds de m3/an, dont seulement 0,13% satisfont les besoins domestiques (69%), industriels (22%) et agricoles (9%). L’offre d’eau potable sous canalisation est sous le quasi monopole de la SNDE (1967), organisme public qui partage ce marché, depuis 2013, avec la Société Auxiliaire de Distribution d’Eau, filiale de la société française Veolia, chargée de rénover la tuyauterie et de réaliser près de 33.000 branchements et 43 bornes-fontaines, et avec la société brésilienne ASPERBRAS, qui alimente en eau potable 2.000 villages avec 4.000 forages. Le réseau national compte 149,4 km de réseau primaire et 849,3 km de réseau secondaire. En 10 ans, son extension n’a progressé que de 18,55% seulement, alors que la population croît au rythme de 3,3% l’an en moyenne. Le taux de raccordement à Brazzaville n’est que de 36% contre 40% à Pointe-Noire pour une desserte respectivement de 78% et 70%.

4- De la précarité en eau et en assainissement : la production totale d’eau potable est passée de 44.103,8 103m3 d’eau en 2006 contre 53.010,6 103m3 en 2012. Dans ces volumes, 75,70% sont vendus et 24,30% sont perdus en 2006, contre 76,29% vendus et 23,71% perdus en 2012. Les pertes sont liées à la vétusté des équipements et des installations, aux actes de vandalisme sur le réseau, aux fréquentes coupures d’électricité et aux comportements délictueux des agents. En 2012, la SNDE a produit 171.726 m3/jour à Brazzaville pour un déficit de 41,13%. L’usine du Djoué fournit 1.500m3 et celle de Djiri1, avec une capacité nominale de 3.000 m3/j, accuse un déficit de 40%. Djiri2, avec 5250m3/h, présente un déficit de 71,43%. À Pointe-Noire, 23 forages d’une capacité de 2.780 m3/h chacune, produisent 55.600 m3/j au total et accusent un déficit de 40%. Par conséquent, la population s’approvisionne encore en eau des puits artisanaux (3,3%), de pluie (2,3%), des cours d’eau et des sources non aménagées (17,1%). Les tarifs administrés de l’eau potable sous canalisation ne couvrent pas le coût de revient de la production, sans le concours financier de l’État. Mais, ce dernier respecte rarement ses engagements.

En 2014, le projet sur l'inventaire et la cartographie des points d'eau, a recensé 1.556 points d'eau, répartis sur 796 localités dont 10% sont en construction et 22% en arrêt. Les 68% points en activité, sont pollués par l’ammonium à 41,90%, les nitrites 2,73% et les nitrates 29,69%. La pollution bactérienne par contamination fécale touche 99,66% des puits. Les normes de contrôle et de surveillance de la qualité de l’eau et d’assainissement sont loin d’être effectives.

Ainsi, l’offre et la demande d’eau potable sont en déséquilibre dans un environnement de moins en moins sain, malgré l’abondance des ressources. La précarité de la population qui en résulte, engage la responsabilité sociétale des acteurs. Elle invite les entreprises à se centrer sur leur cœur de métier, et l’Etat à respecter ses engagements, afin qu’une gestion par objectif assure un service de qualité et garantisse une eau salubre et un environnement sain aux générations futures.

 

 

Emmanuel OKAMBA Maître de Conférences HDR en Sciences de Gesti

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Édition Quotidienne (DB)

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