La Journée mondiale des réfugiés : la société civile congolaise appelle à plus de solidarité

Mardi 19 Juin 2018 - 18:15

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La célébration de l'événement, ce 20 juin à travers le monde, a donné l'occasion aux organisations non gouvernementales (ONG) basées en République démocratique du Congo (RDC) de fustiger, dans une déclaration rendue publique le 19 juin, le Conseil national des réfugiés (CNR) qui ne remplit pas la mission qui lui est dévolue.

 

 

Le collectif des ONG des droits de l’homme a indiqué que le CNR, structure étatique créée par le décret-loi 021/2002 du 16 octobre 2002, ne consacre son travail qu'à la délivrance des cartes des réfugiés durables pour deux ans renouvelables et les attestations de prise de contact pour les demandeurs d’asile, laissant de côté d'autres missions d'importance. Elles ont dénoncé le fait que cette structure ne protège pas les réfugiés, ne les assiste pas financièrement, ne prend pas en ligne de compte leurs soins de santé tout comme l'éducation de leurs enfants, etc., comme  précisé dans l’article 9 de la loi qui la crée .

Pour ces ONG, même en possession de la carte délivrée par la CNR, les réfugiés établis en RDC sont presque bloqués. « Une autre difficulté majeure, cette institution ne dispose pas d’un budget de l’État. Même cette carte délivrée aux réfugiés n’est pas reconnue par les institutions bancaires congolaises. Un réfugié ne peut pas ouvrir un compte bancaire ni retirer l’argent avec cette carte. Les réfugiés en RDC ne peuvent pas effectuer un voyage à l’étranger à cause de manque d’un titre de voyage qui remplace le passeport national, cela fait plus de sept ans alors que tous les pays africains ont délivré les TVC aux réfugiés sur leurs territoires sur la base de la convention de Genève du 28 juillet 1951 », ont regretté ces organisations.

Des refugiés jetés en prison

Au moment où le monde célèbre cette journée du 20 juin, la société civile a révélé qu’il y a plus de cinquante ressortissants de la République Centrafricaine (RCA) qui sont détenus depuis le 10 juin à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, car considérés comme des rebelles. Ces Centrafricains ont été arrêtés dans la province de l'Equateur puis transférés à Kinshasa, a-t-on appris. « Quand un rebelle entre dans un autre pays, on le désarme et on l’identifie mais on ne l’envoie pas en prison », ont tenté d’expliquer ces ONG qui dénoncent des réponses désobligeantes de ceux qui sont censés protéger les réfugiés. Malgré plusieurs dénonciations et revendications des réfugiés, demandeurs d’asile ainsi que des ONG des droits de l'homme tant nationales qu'internationales, rien n'a changé dans la vie quotidienne de ces réfugiés et au traitement de leurs dossiers, a fait savoir le collectif. Pour lui, le CNR, qui devrait en principe jouer ce rôle serait lui-même dépassé pour remplir son devoir, laissant tout entre les mains du secrétaire permanent qui serait, selon ce collectif, un simple rapporteur.

Privilégier les intérêts des peuples souverains

Face à ces réalités, le collectif des ONG des droits de l'homme recommande notamment à la communauté internationale de continuer à privilégier les intérêts des peuples souverains aux dépens des intérêts économiques et de sanctionner sévèrement tous les pays et leurs dirigeants qui prennent les prétextes de souveraineté pour maltraiter leur population. L’ONU et l’Union africaine (UA) sont appelées à ne plus accorder des postes de haut rang aux pays africains qui ne respectent pas les droits de l’homme sur tous les aspects, surtout les pays qui « pratiquent la démocratie cacophonique ».

Ces ONG attendent également de l’UA la mise sur pied des mécanismes très efficaces pour le règlement des conflits africains, et ne pas attendre seulement de compter les morts et les blessés.

A la RDC, la société civile a recommandé de tout faire pour le respect de son propre décret-loi portant statut des réfugiés tel que signé et promulgué par le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange. Alors que le CNR, quant à lui, est appelé à jouer son rôle au lieu d’être le sapeur-pompier, notamment en délivrant la TVC aux réfugiés et de vulgariser les cartes des réfugiés.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, bien qu’un organe observateur auprès du CNR, est appelé à jouer correctement son rôle dans le domaine de protection internationale ainsi que le respect strict des droits des réfugiés et de ne pas se comporter comme des politiciens. Le secrétaire permanent est, lui, exhorté, à jouer pleinement son rôle en tant que secrétaire technique et non à faire le double-emploi en assumant le rôle de secrétaire permanent et celui du président du CNR. Ces ONG ont, par ailleurs, exhorté leurs paires (organisations nationales et internationales) à ne pas croiser les bras, de continuer à défendre les droits des réfugiés, des déplacés des guerres internes, des migrants, des demandeurs d’asile, des expatriés, etc., partout dans le monde.

Les ONG membres de ce collectif sont le Groupe explorateur international, Human Rescue / RDC, Promotion de la DUDH, Fondation Bill-Clinton pour la paix, Dieu défenseur universel et Ange du ciel.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: un camp de réfugiés en RDC/photo des tiers.

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