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La Libye toujours...

Samedi 2 Septembre 2017 - 13:45

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L’Europe et l’Afrique font aujourd’hui de la question migratoire l’un des points de convergence de leurs échanges multilatéraux. Des rencontres au sommet se succèdent à Paris, la capitale française, comme ailleurs, pour tenter de trouver le meilleur moyen de combattre ce phénomène. Au-delà des bonnes intentions qu’elles affichent, les parties concernées reconnaissent que le chaos qui persiste en Libye est le nœud gordien de la stratégie d’ensemble envisagée contre les vagues successives de jeunes africains bravant la méditerranée au moyen d’embarcations dérisoires et au péril de leurs vies.

Il est donc demandé aux pays voisins de la Libye, de renforcer des contrôles à leurs frontières de façon à ce qu’il soit possible, à partir de leurs territoires, de mieux suivre la trace des migrants. Le but est d’ailleurs, à terme, de les dissuader de prendre le canoé. Cette demande est malheureusement faite aux pays qui connaissent d’énormes problèmes internes aggravés par la conjoncture de crise qui ne les épargne pas autant que bien d’autres nations du continent africain. Dire, en effet, au Tchad et au Niger de s’exercer à contrôler des frontières aussi larges, poreuses et dangereuses du fait de l’activisme des groupes armés s’apparente à leur demander l’impossible dans le moment présent. Ils n’en ont pas les moyens.

Du fait de la situation dans l’ancienne Jamahiriya arabe libyenne, la communauté internationale se dépenserait plus utilement en réunissant les conditions du retour à la tranquillité dans ce pays. Ceci pourrait passer par la tenue d’une grande conférence des Nations unies, à laquelle seraient associés tous les pays de la région sahélo-saharienne en ébullition et les acteurs étrangers présents en Libye pour des raisons d’affaires ou même de leadership. Elle serait peut-être aussi l’occasion de donner un coup de pouce à la médiation africaine chapeautée par l’UA, qui semble de plus en plus court-circuitée par la multiplication des initiatives sur le sujet.

Le lien migration clandestine-chaos en Libye parait si fort que l’on voit que sur les trois couloirs empruntés par les candidats au départ, les passeurs sont plus en difficulté à partir de la Tunisie et du Maroc qu’à partir de la Libye. Pour dire qu’autant il est utile d’aider les pays comme le Tchad et le Niger à contenir les migrants, autant il parait judicieux de convoquer la question de la sortie de crise en Libye au cœur de toutes les stratégies mises en œuvre contre les migrants. Dans cette optique, mutualiser les efforts récolterait plus de succès que la tendance à les disperser.

Au fond, la multiplication des démarches observées sur les deux affaires (crise migratoire et crise libyenne) montre, si besoin était, qu’elles sont suffisamment complexes. Le problème est que les acteurs qui sont en mesure d’aider à la solution la complexifient davantage pour des raisons touchant à des engagements parcellaires, presque personnels, alors même qu’ils savent que le temps qui passe joue en faveur du pourrissement des deux situations.

Où est donc passée la solidarité internationale qui s’était exprimée fort bien lorsqu’il fut question (c’est de l’histoire), de mettre à bas le régime de Mouammar Kadhafi pour l’empêcher de réprimer les manifestants ? Vite, une conférence internationale sur la Libye, peut-être le jour se lèvera-t-il luisant pour le peuple libyen meurtri !

Gankama N'Siah

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