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La République généreuse

Samedi 25 Août 2018 - 18:00

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Il y a des images qui frappent : celle diffusée par la presse au lendemain de la rencontre au village Mihété, dans le district de Vindza (Pool), montrant Ntoumi et les membres de la Camp (Commission ad hoc mixte-paritaire) mise en place à la suite de l’accord de Kinkala (23 décembre 2017) en est une. En cavale depuis l’éclatement des violences au sud de Brazzaville, le 4 avril 2016, Frédéric Bintsamou est apparu pour la première fois en public, pour dire sa foi en l’avenir du Congo et reconnaître les vertus de la paix.

Autour de celui qu’il faut peut-être désormais appeler l’ex-chef rebelle, il y avait pour la photo de famille ses proches, parmi ceux qui avaient signé l’accord de Kinkala, et les délégués du gouvernement, les deux parties formant l’institution Camp. Mais une pléiade d’autres collaborateurs de Frédéric Bintsamou, certains portant une barbe bien fournie, parfois blanchâtre, étaient aussi visibles, presque déterminés, peut-être aussi désabusés par le cours des événements. Il n’y avait pas longtemps, ils tenaient tête à la République et juraient par tous les moyens de continuer on peut dire la lutte. Ils se rendent compte, qu’en face d’eux, l’ennemi s’appelait aussi la République.

Pour ce qui est du discours, disons des desiderata de Frédéric Bintsamou, on peut retenir deux, à titre personnel : son relogement et aussi sa réhabilitation. Avant de reprendre le maquis, il faut rappeler que l’intéressé était auprès du président de la République, Délégué général chargé de la promotion des valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerre. Il avait rang de ministre délégué et bénéficiait pour cela des avantages attachés à sa fonction, ses collaborateurs étant eux également logés à la même enseigne.  

Au fait, si ses ambitions politiques sont avérées, l’homme aurait pu profiter de cette position, à l’époque, pour sillonner le Congo du nord au sud, d’est en ouest, pour répandre la bonne nouvelle de la paix. Il s’était plutôt contenté de se retirer dans son « fief » de Soumouna, non loin de Brazzaville, pour exercer des activités agropastorales et en bon berger, entretenir la ferveur religieuse de ses adeptes. Jusqu’à ce que l’élection présidentielle du 20 mars 2016, pour laquelle il n’était pas candidat mais soutenait l’un d’eux, lui donne l’occasion de montrer qu’il était mécontent de ce qu’il se passait au pays ; jusqu’au retour aux violences du 4 avril.

Il n’est pourtant pas interdit de louer le fait que, finalement, Frédéric Bintsamou ait accepté, à nouveau de négocier la paix avec la République, et de montrer qu’il est disposé à contribuer à sa consolidation. Il a mis en avant les questions logistiques pour mieux intégrer le mécanisme de retour à la tranquillité mais son discours devrait aussi être celui d’un homme qui implore le repentir.

Demander pardon à ses compatriotes pour le mal qu’ils ont subi du fait de ses prises de position guerrières, jurer de ne jamais plus replonger le pays et sa région natale dans de tels excès de violence, assurer les uns et les autres de sa bonne foi pour accompagner le processus démocratique, voilà, sans être exhaustif, les points saillants d’un homme de paix, qui croit au destin commun de la République à laquelle il semble évidemment attaché.

Car il sait qu’une fois ce qu’il demande sera donné, ce sera à la même République, incarnée par des dirigeants ayant reçu mandat d’elle de s’occuper aussi de toutes les filles et tous les fils du pays que les violences de ces dernières années ont endeuillés et meurtris au plus profond de leur cœur. Parce que les citoyens doivent se montrer dignes de la République et inscrire leur quête du bien-être dans le bannissement de la guerre fratricide.

 

Gankama N’Siah

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