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La route et les mots

Samedi 23 Juin 2018 - 19:10

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Accordons-nous ce petit espace pour revenir, le temps d’un « fait du jour », sur l’inauguration, le 15 juin dernier, de la route de la corniche dans sa brettelle reliant la Case de Gaulle au carrefour Fulbert-Youlou, à Bacongo, le deuxième arrondissement de Brazzaville. Pour nous rappeler le contexte, peut-être aussi, l’esprit de cette manifestation au cours de laquelle, à la tribune des officiels, le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, avait à ses côtés l’ambassadeur de France au Congo, Bertrand Cochery, qui, pour l’occasion, avait pris la parole.

Il y avait longtemps, en effet, que l’inauguration d’une infrastructure d’intérêt public d’envergure, à Brazzaville, ou dans un autre coin du Congo, réunissait les deux parties. Enfin, à l’instar de ses homologues représentant d’autres pays amis, l’ambassadeur de France est toujours invité à honorer de sa présence de telles rencontres, mais rarement- ces dernières années- en qualité de partenaire de l’ouvrage réalisé. Il a plutôt souvent été question de l’expertise chinoise devenue inestimable au regard des réalisations qui l’accompagnent. A titre d’illustration, le tronçon Case de Gaulle- Carrefour Fulbert-Youlou de la route de la Corniche a pris son départ au pied de la stèle dédiée à Pierre Savorgnan de Brazza et ses compagnons : là-même où s’était bouclée la tranche Mami Wata-Case de Gaulle, réalisée en 2015 avec le concours de la société chinoise, China road and Brigde corporation.

Les aperçus du discours de circonstance prononcé par Bertrand Cochery, qui suivent, révèlent bien que la France n’est jamais partie : « La route de la Corniche que nous inaugurons ensemble ce matin, monsieur le président, s’inscrit dans la lignée des métamorphoses que connaît Brazzaville depuis de nombreuses années, sous votre inspiration. Nous sommes à vos côtés, les compagnons de cette métamorphose, pour l’épanouissement de cette capitale si chère au cœur des Français », se réconfortait l’orateur qui soulignait, en même temps, « les liens uniques de partenariat et d’amitié entre la France et le Congo ».

On avait un temps pensé, en écoutant dire un certain nombre de choses sur la relation entre la France et le Congo, qu’elle traversait une zone de turbulences. Si le témoignage contraire n’est pas donné, peut-être devrait-on attendre d’autres gestes encore plus éclatants pour en déduire qu’en diverses circonstances, les mauvaises langues font parfois preuve de mauvaise foi. Mais cet autre extrait du discours de l’ambassadeur Cochery peut être révélateur de la promesse de solidarité faite par Paris à l’égard de Brazzaville. A travers un regard « prospectif » sur « la très dense relation de coopération entre le Congo et la France », il annonçait l’exécution en cours, ou en préparation, sous la supervision de l’Agence française de développement, d’une vingtaine de projets pour un montant de trois cents milliards FCFA. Des projets à « fort impact socio-économique », répétait le diplomate, qui changeront, à terme, le quotidien des habitants des deux principales villes du Congo, Brazzaville et Pointe-Noire.

Ces projets financés par la France visent des secteurs variés : améliorer la qualité d’accueil des patients et des conditions de travail au CHU ; raccorder les quartiers Makabandilou, Massengo, Nkombo, Mayanga et Sangolo dans la capitale au réseau en eau potable ; rendre l’espoir à des dizaines de milliers de personnes affectées par des inondations en réalisant des opérations de drainage à Pointe-Noire et de la rivière Tsiémé à Brazzaville. La liste n’est pas exhaustive.

Notons, ensuite, ce dernier rappel qui n’a peut-être rien à voir d’un pic au beau monde qui écoutait le diplomate français l’autre jour : « Ces interventions sont pleinement alignées sur les priorités du gouvernement puisqu’elles concernent aussi bien l’accès aux services essentiels, la diversification de l’économie, la protection des plus vulnérables, que la formation des jeunes et la préservation des ressources naturelles ».  Puis : « Les entreprises congolaises, soit en consortium, soit individuellement, sont partie prenante des projets financés par l’AFD et apportent à ce titre leur savoir-faire et leur connaissance du terrain ». Enfin, non sans raison, Bertrand Cochery n'a pas manqué d'évoquer " la mobilisation des expertises françaises reconnues" car, pour de nombreux observateurs, la qualité des travaux réalisés par l'entreprise française Razel-Bec saute aux yeux.  

En attendant d’autres manifestations de l’amitié entre le Congo et ses différents partenaires. Et d’autres prises de parole solennelles !  

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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