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La rupture en question !

Samedi 28 Avril 2018 - 16:52

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Le sujet a été mis au goût du jour par Denis Sassou N’Guesso, président de la République du Congo lors de son investiture après le scrutin du 20 mars 2016, quand il proclamait « la rupture avec les antivaleurs » qu’il avaient énumérées devant un auditoire transporté, le 16 avril 2016, au Palais des congrès de Brazzaville.

Il constatait, à cette occasion, que les Congolais s’étaient éloignés de « l’esprit du travail, de la rigueur, de la discipline, de la responsabilité, de la probité, de l’unité nationale, du respect de la chose publique et de l’amour de la patrie ».

Ce discours sur la rupture s’inscrivait dans un contexte de crise économique imposée en grande partie par la chute du prix du baril de pétrole sur le marché mondial, première ressource du Congo, entraînant ainsi une chute sévère des recettes de l’Etat et contraignant les Congolais à se serrer la ceinture au regard des restrictions annoncées par le gouvernement.

Chemin faisant, les Congolais ont littéralement assimilé la  rupture à la crise et,  depuis, chacun y va de son bon mot pour le placer dans toutes les conversations et scènes de la vie courante.

Mais en tout état de cause, que fallait-il réellement entendre par ce mot « rupture » ?

Les puristes de  la langue française ont tant planché sur la question et conclu sur le fait, pour quelque chose, de se rompre, sous l'effet d'un effort excessif ou trop prolongé ou d'un choc, pour un état, une action, d'être interrompu brusquement  à l’instar d’une rupture des négociations entre des États.  L’action de considérer comme nul un engagement, un acte public ou particulier, la cessation soudaine et marquée d’un accord, d’une harmonie qui existait entre des éléments, etc. 

Fracture aussi bien d'une chose solide en deux ou de plusieurs parties sous l'effet d'efforts ou de contraintes trop intenses.

Nous emprunterons à dessein l’image de cet obus de rupture, ce projectile à grande force de pénétration destiné à perforer les blindages car à travers l’adresse du chef de l’Etat congolais, il s’est agi d’exprimer fortement une volonté de se départir de toutes les antivaleurs qui se sont greffées dans la société. Ces antivaleurs, éminemment décrites dans ce discours, sont « les mentalités déviantes et les comportements pervers du passé : la paresse, le laxisme, l’irresponsabilité, l’inconscience, la corruption, la fraude, la concussion, l’ethnocentrisme ou l’instinct grégaire, le népotisme et la tendance à la gabegie ».

On doit ainsi considérer la rupture sous ses multiples applications qu’elles soient militaire, médicale ou nucléaire, etc., et son but doit être comparable à une destruction accidentelle de la continuité d'un organe, généralement causée par l'action d'une cause externe à cet organe. Ici, nous parlerons d’entorses aux règles même les plus élémentaires dans une société humainement organisée et la  rupture d'anévrisme symboliserait bien cette rupture voulue.  

La rupture évoquée, par ailleurs, semble inévitable car elle a pour but d’éviter une destruction qui serait causée suite à la pression d'une force hostile à la droiture et la rectitude qui lui seraient opposées.

On espère ainsi vivement mettre un frein au courant délétère qui affecte brutalement le cours de sentiments, de situations, d'événements et autres, inscrits pourtant dans la durée.

D’où  une volonté manifeste, par exemple, de  nationaliser où de privatiser des sociétés, de rompre des relations diplomatiques, dans le seul but de redresser des situations devenues calamiteuses, d’annuler ou pérenniser des actes privés ou publics, de rompre  des traités où des bans…

Cette rupture proposée, il y a deux ans, se voulant le pacte d’un homme avec un peuple afin que soit impulsé un nouvel état d’esprit consistant en tout et pour tout à servir l’Etat, la République et la nation, gageons que cet engagement contracté produise les doux fruits de la paix sociale si chère à Kant et tant recherchée, pour le plus grand bien des Congolais.

 

Ferréol Gassackys

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Édition Quotidienne (DB)

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