L’agriculture familiale : un levier important contre la pauvreté

Samedi 19 Avril 2014 - 2:20

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L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a décrété l’année 2014 Année de l’agriculture. Le thème retenu en est : « Nourrir le monde, préserver la planète ». La réflexion est centrée sur l’invitation des petits producteurs à contribuer à répondre à la demande par des récoltes de proximité

Définie comme étant l’ensemble des productions agricoles, l’agriculture familiale repose pour l’essentiel de sa gestion ou de sa réalisation sur la main-d’œuvre du noyau familial. Mais elle constitue l’un des maillons essentiels de la chaîne alimentaire et de la productivité d’un pays. En Europe, par exemple, l’avantage d’une telle production a vu ses effets peser positivement sur la vie économique des nations depuis des siècles. Ici et là, enfants ou petits-enfants ont repris une exploitation familiale devenue aussi une réponse aux conséquences de l’exode rural.

Mais, de nos jours, les avantages d’une telle attitude ne peuvent qu’être bénéfiques dans n’importe quelle partie du globe, surtout dans les pays d’Afrique où climat et espaces cultivables ne constituent pas des freins au travail familial, au contraire.

À long terme, les experts en soulignent même les atouts. Il s’agirait, pour les populations, principalement d’assurer de manière stable une sécurité alimentaire de proximité ; de permettre à des populations plus ou moins nanties de manger sainement des produits équilibrés tout en conservant la biodiversité des produits locaux. Ce mode de production peut aussi se transformer en une économie de subsistance dynamique consommant sa propre production et ne mettant tout simplement en vente que ses propres surplus en légumes ou en fruits.

Au Congo, la relève des anciens s’avère lente où quasi inexistante. Les familles d’aujourd’hui ne sont pas nombreuses à subsister de leurs propres produits agricoles. Tout s’achète malheureusement, des tiges de saka-saka (dont la culture est pourtant toute simple), au safou ; de l’avocat à la banane !

Une certaine tradition chez nous aurait pu permettre de trouver ces quelques produits très consommés par les Congolais pas trop loin de chez soi. Il suffirait de planter le nécessaire des denrées à domicile. Dans des temps pas trop anciens, lorsque les grands-parents acquéraient des terrains – les parcelles -, leur première pensée était d’y planter un quelconque arbre fruitier pour qu’à long terme la demande de la famille soit couverte. Mais hélas ! Ces arbres deviennent une double gêne : sécuritaire et urbaniste lorsqu’ils prennent de l’espace.

D’où la tendance à voir de plus en plus les pavés recouvrir toute la surface du sol des parcelles, ne permettant pas le placement d’un quelconque produit de la terre à planter. Avec un espace de terrain en ville, les arbres sont vites coupés en outre, à cause de leurs racines qui peuvent déstabiliser les fondations des maisons, ou causer des dégâts. Combien de litiges ne sont-ils pas dus aux conséquences d’un arbre planté ailleurs et tombant chez le voisin !…

Par contre, on peut éloigner et s’éloigner des inconvénients du modernisme, en se réappropriant ce qui a fait la force des familles nombreuses, fortunées ou peu fortunées, de l’ancienne époque : l’amour de la terre source inépuisable de multiples richesses! En location ou en achat, quelques espaces péri-urbains s’offrent aujourd’hui à ceux qui veulent produire de quoi se nourrir.

Une filière a gricole en mal de stabilité au Congo

Le Congo a connu une époque où les richesses agricoles ne souffraient pas du manque de vulgarisation à travers le pays. Le secteur agricole n’était certes pas aussi bien réglementé mais jouissait de l’implication totale des responsables directement concernés. « Le secteur agricole a énormément souffert, parce qu’abandonné pour des raisons diverses. La relève ne s’est pas faite par les particuliers ou les privés pour en assurer la survie. L’exemple de la station fruitière Loudima dans le département de la Bouenza est le plus patent », souligne Ambroise Loufoua , directeur de la commercialisation des produits agricoles institution rattachée au ministère de l’Agriculture.

De plus, ajoute-t-il, « nous n’exportons presque rien. On a tout perdu suite aux troubles socio-politiques notamment, et le secteur se retrouve actuellement paralysé. Toutefois, il ne s’agit pas pour nous décideurs de prendre des mesures, nous souhaitons tout simplement augmenter l’offre sur le marché afin de trouver des produits de première nécessité à tous les niveaux».

Dans la partie sud du Congo, à Boko précisément, l’expérience de la culture des fruits exotiques spécialement serait à encourager. Des fruits comme le litchi ou le mangoustan dont la culture s’adapte à un certain type de climat sont bien présents dans cette zone. L’expérience est certes encourageante, mais pas suffisante à inonder les marchés des grandes villes.

Les fruits et légumes, des nutriments indispensables pour l’organisme

En dépit des aspects économiques qui entrent en jeu dans la consommation des produits agricoles, ceux-ci sont sans contexte une source d’avantages en plus pour la santé. Un spécialiste en nutrition, Didier Georges M. Pembet, explique l’apport indispensable des fruits et des légumes dans le maintien en santé de l’organisme.

De manière régulière, souligne-t-il, les nutriments dont l’organisme a besoin sont des réserves de vitamines et de minéraux ; fruits et légumes sont à consommer de préférence crus et le plus simplement possible sans l’ajout des plats typiques de la cuisine congolaise.

Les carences en fer, en vitamines de toutes sortes, mais aussi la lutte contre des maladies pesantes comme le diabète ou l’hypertension ont leur premier médicament tout trouvé (ou leur prévention) dans la consommation simple des produits agricoles. « Du légume, du légume et un fruit », ont tendance à dire les diététiciens. Il n’est pas nécessaire que ceux-ci accompagnent des aliments « lourds » pour avoir leur efficacité. Or, fruits et légumes sur le marché ne sont pas à portée de main.

Luce-Jennyfer Mianzoukouta

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Des femmes maraîchères. (© DR) ; Photo 2 : Des supporteurs de l’agriculture familiale à la Conférence régionale de la FAO pour l’Europe à Bucarest; (© DR) ; Photo 3 : Le directeur de la commercialisation des produits agricoles, Ambroise Loufoua. (© Adiac) ; Photo 4 : L'expert en diététique, Didier Georges M. Pembet. (© Adiac)