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Laissons le diplôme s’affirmer au lieu de le vanter tout temps !

Samedi 9 Mai 2015 - 17:41

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Cette exclamation se veut à la fois un constat et une interpellation. Constat parce que dans tous les domaines de la vie, cela se vit. Que ce soit en politique, dans les administrations, dans de nombreuses corporations, dans les familles, dans les entreprises et ailleurs. « Je n’ai rien à apprendre. J’ai été dans telle université et je suis sorti avec tel diplôme », disent ceux qui vantent leurs diplômes.

Interpellation, parce qu’il est gênant de vanter des diplômes comme si l’on était l’unique à les avoir. Tenez ! Loin de nous l’idée de jeter de l’opprobre sur les diplômes, car ils expriment un savoir, couronnent un parcours ou une formation. Autrement dit, que dira cet individu qui a appris sur le tas, qui manque de diplôme, mais dont les compétences ne suscitent aucun doute ? J’en connais un, en botanique, dont la connaissance des espèces végétales lui vaut le respect de tous les chercheurs émérites. Vous le trouverez dans le nord Congo.

Pourquoi alors vous titulaire du Baccalauréat, du DEUG, de la Licence, de la Maîtrise ou du Master et vous titulaire du Doctorat, vantez-vous vos diplômes à tout bout de champ même si le contexte ne l’autorise pas ? Et même si sur le terrain, votre action et votre savoir n’inspirent personne. Parce que le diplôme n’a de la valeur que lorsqu’il produit des œuvres, lorsque des actes lui donnent sa consistance. Le diplôme n’est pas un bijou.

La seule force de ces personnes souffrant de « diplomite », c’est  de réussir  à  frustrer d’honnêtes gens, à développer des comportements de rejet et, donc, à pousser certains à la solitude alors que le diplôme est loin d’être un prétexte pour bannir les autres ou un facteur d’exclusion sociale.

Cela d’autant plus que ces « diplômés » le savent bien : un pays, un parti politique, une société, une entreprise, une association, une administration a besoin des gens aux compétences variées, ceux qui conçoivent et ceux qui exécutent. Un architecte a besoin de s’appuyer sur des ouvriers ; un médecin  a besoin des assistants, d’infirmiers ou de laborantins.

La société est pleine d’exemples des personnes qui ont réussi et qui réussissent, ici et là, sans être détentrices d’un seul diplôme. Grâce seulement à la dose d’intelligence ou de sagesse innées.

Oui, tout savoir-faire ne s’acquiert pas nécessairement à l’école ou dans un institut. Tout savoir n’est  pas forcement sanctionné par une attestation ou un diplôme. Il y a aussi des savoirs acquis par l’apprentissage, l’expérience des choses. L’humilité commande que ceux qui « exhibent» leurs diplômes s’arrêtent un moment. La compétence vaut le diplôme et est préférable. Les chefs d’entreprises et les recruteurs le savent : de nombreux jeunes bardés de diplômes ratent souvent leurs tests pour des raisons évidentes car mis à l’épreuve, ils sont incapables de défendre leur parchemin ou de se défendre tout court.

Disons-le sans gants, puisque nous l’avions affirmé plus haut, tout diplôme n’est pas toujours significatif dans tous les contextes. Par exemple, quelle est l’efficacité d’un doctorat en médecine vétérinaire face à une affaire relevant du droit pénal ou vice-versa. Donc le docteur vétérinaire parle mieux du métabolisme animal que des préceptes et principes juridiques. Alors, dans ces conditions, qui vante quoi ? Le diplôme se retrouve sans « effet réel ».

Ceci étant, cette habitude que certains ont de répondre à autrui par l’exhibition de leurs diplômes est un comportement inconséquent qui trahit une auto-suffisance intellectuelle. Donc, un vice social.

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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