L’Angola débarque en force en Italie pour des partenariats économiques d’excellence

Mercredi 9 Avril 2014 - 17:59

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Le premier Forum d’affaires entre les deux pays s’est ouvert mardi dans le Piémont italien

La région italienne du Piémont, au nord du pays, accueille depuis mardi à Turin le premier Forum d’affaires entre l’Angola et l’Italie. Une occasion, aussi bien à Luanda qu’à Rome, d’insister sur la commune volonté de saisir l’opportunité de la paix revenue en Angola depuis une dizaine d’années pour faire les affaires. Les indicateurs d’une robuste relance économique pour ce pays sont en place : la croissance économique cette année pourrait être de 8%, un taux de rêve pour bien des pays occidentaux aujourd’hui.

En ouvrant les travaux mardi matin, Florencio de Almeida, ambassadeur d’Angola en Italie, a rappelé que les relations entre les deux États étaient anciens et que leur coopération en matière d’exploration pétrolière, notamment, avait porté des fruits dont tous bénéficiaient. Mais, a-t-il souligné, « les rapports économiques que nous entretenons devraient atteindre, au moins, le niveau de ceux que nous avons au plan diplomatique. L’Angola sort d’une guerre de plus de trente ans et vit depuis dix ans dans la paix. Les conditions sont en place pour attirer les investissements étrangers, spécialement ceux des Italiens. »

À cette politique de la main tendue, l’Italie a répondu avec autant d’allant. Le vice-ministre pour le Développement économique, Carlo Calenda, a dit la volonté de Rome de placer l’Angola dans les priorités du gouvernement de Matteo Renzi. « L’Angola est un pays prioritaire pour nous, avec lequel nous avons déjà des rapports politiques, historiques et culturels forts. Le gouvernement actuel [en Angola] a pour objectif clair de diversifier son économie vers les manufactures et de ne pas attendre les retombées des matières premières qui, pour certains pays, signifient une condamnation ». L’Italie entend jouer sa part dans la concrétisation de cette volonté, a donc laissé à entendre Carlo Calenda.

L’homme d’État italien a dit que son pays ne se satisfaisait pas d’être le treizième partenaire économique de l’Angola au niveau global, le sixième au niveau européen. Il faut faire plus. Voilà pourquoi il a indiqué quelques pistes pour changer cet état de choses au bénéfice bien compris des deux États. Dès l’automne prochain, un bureau de coordination va se mettre en place, avec un responsable italien à sa tête, pour « mieux interpréter le marché et proposer un paquet de mesures à l’Angola pour accompagner les entrepreneurs de la péninsule » qui voudront aller y investir. Il a donné à comprendre que les choses allaient désormais aller vite, car d’ici quelques semaines, une première mission se rendra en Angola pour traduire dans les faits cette volonté d’impulser la nouvelle coopération.

Il a ajouté qu’entre fin 2014 et début 2015 sera menée une mission « de quelques centaines d’entrepreneurs », de structures de formation, d’institutions bancaires ou publiques ayant un horizon de travail opérationnel étendu sur au moins deux ans. Il a indiqué qu’un tel système, comprenant des centres de technologies italiennes, a donné d’excellents résultats au Mexique. Il s’agira de les dupliquer pour l’Angola, de former du personnel spécialisé pour l’utilisation des machineries italiennes. « On peut créer un nouveau groupe de personnes qui ira ensuite en Angola développer l’industrie », a indiqué Carlo Calenda.

Décidément porté par la volonté de faire, le Forum d’affaires Angola-Italie semble d’ores et déjà porté et animé par une détermination qui ne laisse pas de place à l’amateurisme. Après Turin mardi, les Angolais sont revenus à Rome avec une délégation de haut niveau pour rencontrer le gouvernement italien. Le ministre de l’Agriculture, Afonso Pedro Canga ; celui de l’Énergie et de l’Hydraulique, Joao Baptista Borges ; celui de l’Économie, Abrahaao Gourgel, ont pris part à la suite du forum, cette fois à la Farnesina, le siège du ministère italien des Affaires étrangères à Rome.

La délégation angolaise venue négocier des partenariats secteur par secteur en Italie est forte en tout de 160 personnes, entre experts du gouvernement et représentants ou dirigeants d’une cinquantaine de sociétés. Dans le Piémont, des contacts ont été noués avec une soixantaine de sociétés italiennes partenaires de tous les secteurs. Florencio de Almeda a lancé un appel solennel, dont on imagine mal qu'il ne suscitera pas de réactions : « Je m’adresse aux entrepreneurs italiens et angolais pour qu’ils établissent une forme de partenariat. L’objectif de ce forum est de vérifier les principaux obstacles que les sociétés italiennes voulant investir en Angola pourraient rencontrer et la manière de les surmonter. »

Pragmatisme et efficacité semblent les maîtres-mots de ce forum. « Aujourd’hui, on parle de la Chine, on parle de l’Orient, mais on semble oublier que l’Afrique, c’est le futur », avait souligné mardi la présidente de l’Union industrielle de Turin, Licia Matteoli. « L’Angola est un pays qui se réveille. Les entreprises piémontaises y sont présentes, mais pas encore en suffisance. On peut faire encore plus et pas seulement dans les secteurs traditionnels mais également dans des domaines peu explorés comme la mode où des hommes d’affaires italiens remportent déjà des résultats satisfaisants », avait-elle souligné.

Lucien Mpama