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L’année musicale en 1960

Jeudi 11 Septembre 2014 - 21:48

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Indépendance chacha, célèbre œuvre de Kallé, est incontestablement l’hymne des indépendances africaines. Quelques jours après le 54ème anniversaire de l’accession à la souveraineté nationale du Congo, il est intéressant de parler de la musique congolaise en 1960.

L’année 1960 est marquée par le séjour, en France, de la chorale des Piroguiers. Gombé Mbalawa, François Djemissi, Antoine Aïssi, Henri Ossebi, Laurent Botséké, entre autres, sous la direction d’Émile Oboa, participent à ce voyage. Après le ballet Diaboua, c’est le second groupe congolais qui s’y rend. Les Piroguiers livrent des concerts dans les églises de Rouen, Lille, Notre-Dame de Paris, Le Havre. Ils  enregistrent le disque La Messe des Piroguiers dont les ventes devaient permettre de monter le clocher de l’église Sainte-Anne.

C’est cette année que le Ryco Jazz de Freddy Mars Kounkou, composé de Gerry Malekany, enrôlé à Bangui, alors qu’il est en tournée avec Sathan et l’orchestre kinois Cangaceiro, Mbilia Casino, Mavoungou Serge et Jeannot Dikoto (un Camerounais) débarque à Paris. Dans la capitale française, à la même époque, au sein de la Mec (Maison des étudiants congolais), naît l’orchestre Baninga, animé par Nzalakanda La Forêt, Moungala Jérôme, Moutsila, une chanteuse, et Kadian qui vient de tirer sa révérence, il y a quelques jours. Les étudiants de cette époque se souviennent encore de sa célèbre chanson Mapéla.

À l’aube de cette année 1960,  l’indépendance nationale se profile à l’horizon. Le monde musical congolais s’anime et les musiciens s’ébrouent dans tous les sens pour ne pas manquer ce rendez-vous historique. Antoine Moundanda clôt son séjour sur la rive gauche, après avoir donné ses lettres de noblesse à la sanza ou likembé dans la musique congolaise moderne. Il est l’heureux compositeur de la chanson Na ndjila ya Ndolo qui a connu un immense succès sur les rives du fleuve Congo. De leur côté, les musiciens de l’orchestre Negro Band, après plus d’un an de séjour à Léopoldville (Kinshasa), regagnent Brazzaville.

Passi Ngongo Mermans, guitariste, monte l’orchestre Mando Negro (Mandoline Noire). Il fait appel à son ami Sabou Bathel, guitariste, lui aussi, et à d’autres musiciens : Bitsangou Bekos, Ntsongola Charles dit Beau Gosse, Mayela Marcos, Sita Elvis, Ouenamio Pascal et Bitsindou Déluge. Malonga Wilson complète l’équipe. L’échiquier musical brazzavillois s’élargit. Cercul Jazz, le doyen des orchestres en activité, Congo Jazz, Novelty, Orphée jazz, la Jmc, Nostramo (orchestres amateurs), Jazz Party de José Missamou et les Bantous sont les acteurs de la scène musicale congolaise en cette année de l’Indépendance nationale, bercée par la célèbre chanson Indépendance chacha de Joseph Kabasele.

Les premières chansons des Bantous, orchestre créé le 15 août 1959, sont mises sur le marché ;  au nombre desquelles : Wa BB, Una Noche, Luiza, Ah que pena, Mandola, etc. Ces œuvres sont réalisées par les Éditions Ndombé, une sous-marque de la maison Esengo, qui sortent aussi la chanson Georgette na Leli yo de Lucie Eyenga, exécutée par l’orchestre Negro Band. Le marché du disque congolais rive droite s’anime.

Les Bantous effectuent une tournée en Afrique de l’Ouest. À Lagos, ils recrutent le Dahoméen  Isaac Pedro, leur premier saxophoniste. N’ayant pas de pièces d’identité pour accompagner le groupe brazzavillois dans sa tournée, on lui donne celles d’un macchabée nigérian, ainsi devient-il Nigérian. Sur le chemin du retour à Brazzaville, Les Bantous font escale à Pointe-Noire. Après leur passage dans cette ville, l’orchestre kinois Rock’a Mambo, dirigé par Nino Malapet, qui y séjournait, se disloque.  Papa Noël, un de ses transfuges, est, par la suite, recruté par les Bantous. Isaac Pedro, après quelques mois à Brazzaville, rentre dans son pays, pour des raisons familiales, semble-t-il. Essous, jusque-là clarinettiste, se met au saxophone. Isaac Pedro revient, quelques temps après, sur les rives du fleuve congo, à Léopoldville. Il devient sociétaire de l’orchestre Ok Jazz. Vers la fin de cette année 1960 ou début 1961, Nino Malapet rejoint les Bantous, à la demande de Pandi Saturnin.

L’année 1960 marque, incontestablement, un tournant pour la musique congolaise, rive droite, dont les têtes d’affiche ont longtemps évolué à Léopoldville, où l’industrie musicale était plus florissante. 

MFUMU

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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