Lauryn hill prête sa voix à Frantz Fanon

Samedi 9 Août 2014 - 1:15

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Grande voix du hip-hop mondial, la chanteuse américaine Lauryn Hill, 39 ans, est la voix de Frantz Fanon dans Concerning Violence, un documentaire sur le colonialisme du réalisateur suédois Göran Hugo Olsson

Le documentaire, au titre complet Concerning Violence, Nine Scenes From The Anti-Imperialistc Self-Defense, est un manifeste audacieux contre les effets dévastateurs de la colonisation. Inspiré des Damnés de la Terre, essai majeur de Frantz Fanon paru 1961, le documentaire est divisé en neuf chapitres présentant les dures réalités du colonialisme.

Les images d’archives empruntées à la télévision suédoise, la dureté des images montrant des scènes de violences des guerres de libération en Angola, au Mozambique, en Tanzanie, Guinée-Bissau ou au Zimbabwé (ex-Rhodésie) en font un documentaire sociologique de grande importance pour l’éclairage qu’il propose sur l’histoire des luttes des indépendances des pays africains. On y voit des forces de l’Otan essayant d’arrêter les rebelles anticoloniaux en usant des méthodes de terreur des plus condamnables.

La dernière partie propose une analyse incisive de Frantz Fanon à travers une lecture d’extraits des Damnés de la Terre par Lauryn Hill, grande admiratrice de Fanon. L’ancienne tête d’affiche des Fuggees a enregistré la narration du film deux jours après sa sortie de prison. Les propos saisissants du psychiatre et militant franco-algérien proposent une analyse psychologique sur le traitement des indigènes sous la colonisation et comment ces derniers se sont entraînés à la résistance par la force. Concerning Violence est une lecture de la déshumanisation et des injustices ayant profondément marqué cette période sombre de l’histoire africaine.

Göran Olsson a confié dans une interview au magazine Dazed le choix de Fanon. Pour le réalisateur, Les Damnés de la Terre « est très révélateur de ce qui se passe aujourd’hui. Il ne s’agit pas des mêmes pays ni de leurs armées, mais il s’agit de multinationales qui exploitent les matières premières. En Occident, nous vivons dans un mensonge total : nous n’essayons jamais de comprendre où sont fabriqués nos téléphones bon marché ou nos tee-shirts. J’ai fait un film comme un Européen du Nord à l’attention, principalement, d’autres Européens du Nord et pour tenter de comprendre ce mécanisme. »

En 2011 déjà, le cinéaste suédois avait réalisé The Black Power Mixtape sur la contestation afro-américaine incarnée par des icônes historiques et populaires.

On peut voir des extraits de Concerning Violence sur YouTube.

Meryll Mezath