L'axe Paris-Brazzaville se revitalise

Par petites touches, la France et le Congo avancent précautionneusement les dés de la normalisation de leurs relations bilatérales. Normalisation ? Le mot paraît gros, car il n’y a pas eu rupture, ni l'occasion de l'envisager, même durant la période tumultueuse dans laquelle s’est retrouvé le Congo de la fin d’année 2015 au début de l’année en cours. Mais les moments de frictions entre Paris et Brazzaville dans la même période donnaient à penser que les deux partenaires, qui jurent souvent, et à juste titre, sur le caractère historique de leurs liens, courraient le risque d’enlever toute cordialité à une mésentente qui, à l’évidence, n’était pas fictive.

À Brazzaville, devant l’enchaînement des discours des dirigeants de l’Opposition ou de la Majorité, la rue avait pris le relais pour décrire une situation explosive entre la France et le Congo. Des rumeurs difficiles à situer prédisaient pour la nouvelle équipe gouvernementale du Premier ministre, Clément Mouamba, de pires humiliations lorsque ses membres devaient par exemple demander un visa pour l’extérieur, notamment pour l’Hexagone. Comme souvent les mauvaises prédictions, même quand elles ne tiennent sur rien de précis répandent un vent ravageur, la mission diplomatique du Congo dans la capitale française subissait des attaques, la dernière en date à la voiture-bélier dans la nuit du 20 au 21 juin.

La bourrasque est-elle passée ? Apprécions comme réponse possible à cette question cet extrait de l’allocution prononcée, le 14 juillet à Brazzaville, en la résidence de la Case de Gaulle par Franz Coïdan, chargé d’affaires a.i. auprès de la République du Congo : « Déjà quatre visites ministérielles entre le 14 juin et le 4 juillet… ; et un échange d’ambassadeur, très bientôt effectif », se réjouissait en effet le diplomate français qui rappelait en même temps, pour le pays hôte, le contexte de «  Nouvelle République, nouvelle Constitution, nouvelles institutions, nouveau gouvernement avec à sa tête un Premier ministre… » qui devait, soulignait-il, constituer le sous-bassement de la coopération entre les deux États.

Une amitié sincère s'éprouve dans les moments difficiles. Franz Coïdan mentionnait en passant les attentats auxquels son pays est confronté et la solidarité que lui témoignent, à chaque fois, les plus hautes autorités congolaises. Le diplomate évoquait visiblement les attaques perpétrées quelques mois auparavant sur le sol français. Mais, tout comme les nombreux invités venus honorer la fête nationale française à Brazzaville, ce soir du 14 juillet 2016, il était loin d’imaginer que la joyeuse ville de Nice allait, dans presque les temps qui suivaient ce rendez-vous festif, connaître le pire cauchemar de ce poids lourd fou, lancé contre de paisibles gens pour leur enlever la vie. Le Congo a manifesté le même élan de solidarité à l’égard de la France à l’occasion de cette nouvelle agression.

Diplomatie rimant avec échanges dans divers domaines, Franz Coïdan a fait un clin d’œil à l’autre volet de la relation franco-congolaise qui ne manque pas d’intérêt : le volet économique. Pour rappeler que « les succès de notre coopération ne doivent pas occulter les difficultés rencontrées par les entreprises françaises présentes sur le terrain pour obtenir le paiement de leurs prestations, notamment à l’occasion des jeux africains… Notre souhait est que ces sociétés soient admises à parler avec les autorités concernées afin qu’un dialogue soit instauré qui permette de négocier ». Avant lui, l’ancien ambassadeur de France au Congo, Jean-Pierre Vidon, avait exprimé le même souhait au moment de ses adieux, le 9 mai.

Dialogue et négociation: voilà des mécanismes pour huiler en toute circonstance les relations entre deux partenaires historiques comme la France et le Congo qui ne manqueront pas, s’ils les mettent en œuvre dans le respect mutuel, d’en tirer le meilleur parti.