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Le Bassin du Congo vu des États-Unis

Lundi 4 Novembre 2013 - 0:52

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Il suffit d’ouvrir les yeux, d’observer sur place les grands médias, d’écouter ce qui se dit ici et là dans les milieux bien informés pour comprendre qu’après avoir considéré comme nulle et non avenue l’émergence de l’Afrique, les États-Unis ne sont plus très loin d’inscrire le continent en tête de leurs préoccupations.

Cette mutation, les Américains ne la doivent pas, ou la doivent peu, au fait qu’ils sont dirigés depuis maintenant six ans par un président noir, car celui-ci ne s’est guère préoccupé jusqu’à présent de l’Afrique et des Africains, commettant des erreurs aussi lourdes que l’intervention militaire menée en Libye, au côté de ses alliés occidentaux, sans tenir le moindre compte des conseils de bon sens que lui prodiguaient les dirigeants africains. Elle résulte d’une lecture de l’évolution actuelle du monde qui situe enfin l’Afrique à sa juste place humaine, économique, stratégique, artistique, sociétale dans le concert des nations.

Soulignons, avant d’aller plus loin, que les États-Unis, en focalisant leur attention sur l’Asie comme ils l’ont fait au cours des deux dernières décennies, ont commis tout comme l’Europe une erreur historique qui leur coûte cher dès à présent puisque la Chine en a très intelligemment profité pour prendre ses marques sur tout le continent. Et ajoutons que, pour rattraper cette erreur, ses dirigeants, qu’ils soient démocrates ou républicains, vont devoir mettre les bouchées doubles s’ils veulent faire entendre leur voix sur le continent.

Laissons aux historiens le soin de détailler les raisons de cette faute et regardons plutôt comment Barack Obama et ses successeurs s’y prendront dans les mois et les années à venir pour tenter de rattraper le temps perdu. Trois voies, parmi bien d’autres, s’ouvrent à eux.

1. Soutenir activement la revendication fondamentale des Africains qui est d’obtenir enfin dans la gouvernance mondiale la place qui leur revient de droit en raison de leur poids humain, économique et culturel. Cette démarche est relativement facile à accomplir par le biais d’une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies qui permettrait enfin au continent de faire entendre sa voix.

2. S’intéresser plus que ne l’ont fait jusqu’à présent les dirigeants américains à l’Afrique francophone en mettant à profit le déclin de l’influence de la France dans ses anciennes colonies pour développer des relations économiques et financières fructueuses. Ce qui permettrait aux États-Unis de tirer profit eux aussi de l’émergence du continent tout en sécurisant leurs approvisionnements en matières premières sensibles.

3. Attirer vers l’Amérique la future élite africaine en formant des jeunes cadres dans ses universités, ses centres de recherche, ses écoles commerciales. Si ce mouvement, qui se dessine depuis plusieurs années, s’amplifiait, l’obstacle de la langue disparaîtrait et un mouvement irréversible s’enclencherait qui profiterait largement aux entreprises américaines dans cette partie du continent.

Si, de surcroit, les États-Unis aident les pays africains à construire les systèmes de sécurité régionaux qui permettront demain à leurs peuples de vivre en paix, le bénéfice qu’ils tireront de ce changement de politique sera immense. Soit dit en passant, c’est probablement ce qui les amène aujourd’hui à observer avec attention ce qui se passe dans le Bassin du Congo et à s’interroger sur ce qu’il convient de faire pour aider les pays qui le composent à s’organiser.

Affaire à suivre !

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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