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Le cinéma congolais, une génération prometteuse !

Lundi 11 Février 2019 - 10:54

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Au regard de la première édition des trophées Kamba’s awards du cinéma congolais à l’Institut français du Congo, le 1er février, tout observateur averti a pu noter le frémissement qui augure des lendemains certains et meilleurs, pour le septième art.

Si une certaine détermination semblait faire défaut, il paraît certain que désormais, acteurs et décideurs culturels affichent une volonté de pousser plus loin ce secteur culturel et cette première édition a été organisée, on l’a bien compris, dans le but de donner un second souffle, pour ne pas dire un troisième au cinéma congolais qui bat de l’aile depuis tant des décennies.

En effet, après l'indépendance du Congo, ce sont des pionniers tels Sébastien Kamba ou Jean-Michel Tchissoukou, qui lui donnent vie en tant que réalisateurs et auteurs avec respectivement des films comme " La rançon d'une alliance", en 1974, et "La chapelle", en 1979.

Les années 1980 sonnent hélas !, le glas pour ce secteur qui s’effrite et se dégrade au travers des conditions de production et cela se traduira plus tard par la cession des salles de cinéma à des groupes religieux qui s'en servent dès lors comme lieux de culte permanents.

On a constaté les effets ravageurs de cette triste réalité sur la diffusion des films mais, à ce tableau, il faut également ajouter la sphère politique, en effervescence, la bêtise humaine et la folie meurtrière des uns et des autres  pendant les décennies suivantes qui ont contribué à perpétuer des conditions défavorables à  l’essor du cinéma congolais.

Cela n’a cependant pas empêché l’éclosion de certains réalisateurs qui furent déterminés à produire leurs films, malgré la résignation de certains et la morosité ambiante, souvent directement en vidéo, tels Léandre-Alain Baker, Ferdinand Batsimba Bath, Parfait Doudy, Dieudonné Bashila Kabongo, génération dont se distingue, à l’époque,  Camille Mouyeke qui  parvint à produire  des films sur pellicule.

Les conditions de production sont demeurées exécrables de nos jours car, il n'y a toujours pas de salles de cinéma exception faite de la salle de projection de l’IFC, celle de la préfecture de Brazzaville et celle dénommée Canal plus média, don du groupe Bolloré, qui vient de voir le jour à l’ancien emplacement de Luna Park.

Ce frémissement devrait augurer de cette renaissance  que nous espérons de pleins vœux car, les acteurs du secteur cinématographique, toutes professions confondues, ne se sont pas démontés, en témoigne la nouvelle vague représentée, entre autres, par ceux primés aux Kamba’s awards, qui est très motivée pour la relance, parmi lesquels, Dan Scott, Rodrigue Ngolo, Liesbeth Mabiala, Richi Mbembele, Said Bongo,  Sorel Boulingui, meilleur premier rôle masculin, Cleyde Ntari, meilleur premier rôle féminin, etc.

Certains médias, dont  DRTV en tête, Top TV, MN TV, encouragent le cinéma en diffusant des productions locales ou en réalisant des émissions dédiées au septième art comme Vox TV. Il faut les encenser à faire plus, au même titre que le ministère de la Culture et des arts par le biais de sa direction des Arts et cinématographie que dirige, avec maestria, M . Claver Lembouka, qui se démarque par une volonté qui n’est pas surfaite en organisant les trophées Kamba’s awards mais aussi en tentant d’accompagner les artistes. 

Ce sursaut en puissance du cinéma se fait aussi bien par le biais de  cette génération  de réalisateurs qui permettent de redorer le blason de cet art au Congo, à l’instar de Richi Mbébélé avec son film "Grave erreur" qui lui a valu une projection officielle hors compétition au Fespaco et aux Écrans noirs du Cameroun, la Fikin en République démocratique du Congo et une projection en salle en France.

Il faut, cependant, déplorer très fort ce qui s’apparente à un  renoncement pour  certains et  prier ces derniers afin qu’ils reviennent donner de la substance et de l’écho à ce frémissement !

Le Congo a tant de talents. Alors, qu’Amour Sauveur, Rufin Mbou, Flaveric Kouta, Nadège Batou, Tima Ouamba, Camille Mouyéké et les nombreux autres réintègrent ce mouvement car, il est plus que temps d’octroyer au cinéma congolais l’allant qu’il mérite  et soyons assurés que la volonté est bien réelle pour ce faire.

 

 

Ferréol Gassackys

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Édition Quotidienne (DB)

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