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Le Festac

Jeudi 2 Novembre 2017 - 12:55

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Voici 21 ans que le Fespam tente de s’imposer dans l’univers mondial des festivals, avec des résultats mitigés. Il est l’héritier d’une liste déjà longue de tentative similaire d’affirmation culturelle de l’Afrique. En 1977, il y a quarante ans, se tenait, à Lagos, au Nigeria, la 2ème édition du Festac, après le festival des arts nègres de Dakar en 1966. Entre les deux eut lieu le Festival panafricain d’Alger en 1969, au cours duquel, les Bantous de la capitale contribuèrent à asseoir la renommée de la musique des rives du fleuve Congo, en remportant la médaille de bronze dans la catégorie musique derrière l’Algérie, le pays médaille d’or et la Guinée-Conakry, médaille d’argent. Le Congo-Kinshasa, représenté par l’orchestre Bamboula de Papa Noël, y fit de la figuration. Ce succès mit fin quelques temps un terme au débat du leadership musical sur les deux rives. Même le passage de Rochereau Tabu Ley à l’Olympia n’y fit rien. Les Bantous étaient les plus forts. Outre ces derniers, la délégation congolaise, conduite par Henri Lopès, alors ministre de la Culture, Maxime Ndebeka, directeur général de la Culture, et Clément Ossinondé, président de l’UMC (Union des musiciens congolais), comprenait le groupe vocal « Les Elus », Franklin Boukaka et la Sanza, les Balafonistes de la Sangha, le groupe folklorique de Mbomou, le ballet moderne, les Bouchers et le théâtre.

Le Festac c’est le Festival des arts et de la culture (Festac) négro-africains ouvert le samedi 15 janvier 1977 en présence des délégations de 47 pays et de neuf chefs d’Etat africains, parmi lesquels le général Olusegun Obasanjo du Nigeria, qui prononça le discours d’ouverture. La flamme du festival, allumée en même temps que le lâcher de pigeons brûla jusqu’au 12 février suivant. Le Festac, deuxième édition après celui de Dakar, visait à assurer la reconnaissance, la propagation et la promotion de la culture négro-africaine plurielle.

À l’issue du premier festival mondial des Arts nègres de Dakar en 1966, le Nigeria avait été retenu pour organiser l’édition suivante. Mais la guerre du Biafra en contraria la réalisation. Reporté en 1975, le renversement du président Gowon en différa la tenue. L’élargissement du festival aux pays de l’Afrique du nord récusé par le Sénégal faillit entraîner l’absence de ce pays. Un communiqué publié à Lagos et à Dakar rétablît les choses : «l’élément essentiel est que le festival soit conçu pour tous les peuples noirs du monde entier. Le festival est ouvert à tous les pays membres de l’OUA, aux gouvernements noirs et aux communautés noires hors d’Afrique ». Belle pirouette rhétorique pour réconcilier tout le monde.

L’insigne du Festac est un masque d’ivoire du XVIème siècle. Des rois du Bénin le portaient sur la poitrine lors des cérémonies royales ancestrales. Le dernier monarque qui l’utilisa fut le roi Ovoramwan qui fut détrôné lors de la chute de l’empire du Bénin, il y a 120 ans, en 1897. Cette année-là, ce masque tomba entre les mains du consul général du protectorat de la côte du Niger, Sir Ralph Moore. Il se trouve actuellement au British Muséum de Londres.

Le drapeau du festival est composé de trois rectangles perpendiculaires égaux. Les deux rectangles extérieurs sont noirs et le rectangle central en or. Le motif du festival apparaît en surimpression sur le fond or au centre de ce drapeau. La couleur noire symbolise les peuples noirs du monde, l’or représente la richesse de la culture des zones et des peuples concernés par le festival mais aussi le fait que les peuples non noirs associés aux peuples noirs participent au festival.

Le Festac déploya un programme ambitieux : expositions, théâtre, littérature, cinéma, musique et danse. Le colloque sur le thème : "Civilisation noire et éducation", divisé en plusieurs sous thèmes, connut la participation d’éminentes personnalités de toute l’Afrique et de la diaspora.

Au Festac 77, le Congo est représenté par l’orchestre national, composé de : Sébastien Biks Bikouta (chef d’orchestre) ; Ange Ndjendo, Athis Sita, Simon Mangouani, Felly Bouanga (chant) ; Gerry Gérard, Mascott Samba, Mermans Passy, Alphonse Taloulou, Léopold Bouma (guitares) ; Nino Malapet, Jean-Serge Essous, Jean Saïdou (saxo) ; Kabongo Wetu et Samuel Sammy Malongo (trompettes) ; Saturnin Pandi, Rikky Siméon Malonga et Ernest Massengo (batterie). Au Festac 77, le Théâtre national congolais a présenté, avec succès, la pièce « Les Patriotes».

Dix-neuf ans après, l’Union africaine, dans sa volonté d’affirmation culturelle, organise, avec le Congo, le Festival panafricain de musique. Après plus de dix éditions, cette institution peine à trouver la bonne carburation. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

 

 

Mfumu

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