Le feuilleton de Brazzaville. Acte 24. Les matchs Etoile-Diables noirs

Jeudi 19 Décembre 2019 - 21:45

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La rivalité entre les deux clubs, Étoile du Congo et Diables noirs, pouvait à tout moment tourner à l’émeute. Dans l’historique stade des premiers Jeux africains de 1965, qui fut un temps baptisé stade de la Révolution puis aujourd’hui stade Alphonse-Massamba-Débat, les supporters d’Étoile du Congo et de Diables noirs se faisaient face. Ils rivalisaient d’improvisations pour rendre l’ambiance électrique. On préférait dire Etoile-Diables-noirs qu’Etoile du Congo-Diables noirs. Et la victoire de l’un contre l’autre était considérée comme celle du Sud contre le Nord et vice-versa.

 

Au plus fort de cette passe d’armes sportive parfois hautement politisée, une équipe comme Cara représentait ce conglomérat de gens venus de partout, qui ne semblaient liés que par la soif du ballon rond. On trouvait quelque chose de pareil dans Patronage et, bien plus encore, dans InterClub. Même si, les hommes étant ce qu’ils sont, au sein de ces clubs réputés « neutres », des ténors revendiquaient en sourdine leur attachement à leur équipe de cœur.

Tout de même. Il n’y avait pas de mal à voir les Congolais s’invectiver pour le sport-roi. N’a-t-on pas déploré un départ d’incendie dans un pays tiers autour du football ? N’a-t-on pas vu la tension monter d’un cran dans le stade Wembley, à Londres, parmi les supporters de clubs en vue ? N’a-t-on pas choisi de jouer à guichet fermé au stade de France pour prévenir la montée de l’adrénaline entre le PSG et l’OM ?  

Relevons une nuance notable : si les équipes composant la première ligue congolaise de football portaient les noms des différentes villes du pays, la rivalité sur les stades serait à peu près mortelle. Dans le genre Marseille-Paris-Saint-Germain, Man-City-Liverpool, Real Madrid-FC Barcelone, au Congo on aurait, par exemple, les affiches Kinkala-Owando, Oyo-Madingou, Pointe-Noire-Gamboma, Djambala-Dolisie ou encore Sibiti-Ouesso.

Le temps arrangerait les choses peut-être. On a vu, lors des jeux de l’Office national des sports scolaires et universitaires-ONSSU-, des villes s’affronter sans que ne se produisent des drames. Il est vrai que ces compétitions périodiques dédiées aux élèves et étudianst n’ont pas le gabarit d’un championnat de première division, et on est loin des industries sportives à grande influence d’Europe, d’Amérique ou d’Asie qui brassent suffisamment de sous. Pour ce qui nous concerne, gardons l’espoir qu’un jour, le sport offrira des emplois durables à la jeunesse et contribuera à cimenter l’unité des filles et fils du Congo.

Jean Ayiya

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