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Le Golfe de Guinée en quête d’un nouveau modèle de croissance

Samedi 2 Mai 2015 - 13:00

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Tout jusqu’à présent indiquait que cette partie du monde, située à la jonction des deux hémisphères et dotée par la nature de richesses immenses, s’imposerait dans un avenir proche comme une sorte d’eldorado vers lequel afflueraient les capitaux du monde entier. Les cours du pétrole et du gaz, principales ressources de la région, ne cessant d’augmenter et procurant des revenus plus que confortables à la plupart des pays du Golfe de Guinée, les analystes s’accordaient sur le fait que cette partie de l’Afrique deviendrait à brève échéance l’un des marchés les plus dynamiques, les plus attrayants, les plus profitables de la planète.

Mais voilà qu’au terme d’une évolution que personne n’avait prévue, les cours du brut se sont effondrés sur les marchés mondiaux, privant d’une bonne partie de leurs recettes publiques les États qui tablaient sur le maintien de ces mêmes cours à un niveau élevé pendant au moins une décennie. Si bien qu’en l’espace de quelques mois, un pessimisme douloureux s’est substitué à l’optimisme béat provoqué par l’afflux de liquidités dans les caisses des États et que l’on en vient à s’interroger sur le destin des pays frappés par cette crise dont personne ne se hasarde plus à prédire l’issue.

Quitte à passer pour d’incorrigibles utopistes disons que des tensions présentes peut sortir le meilleur et non le pire. Pour au moins trois raisons :

° La première est que même si elles se sont fortement réduites dans les derniers mois, les recettes procurées aux pays producteurs par la vente des hydrocarbures restent à un niveau tel qu’elles permettent la poursuite de l’effort engagé ces dix dernières années pour doter leur territoire d’infrastructures adaptées aux échanges modernes. S’il est vrai que la baisse des redevances contraint les États à mieux gérer leurs ressources – et c’est indiscutablement une bonne chose – il ne l’est pas moins qu’elle les accule dans une impasse.

° La deuxième raison est que la chute des revenus procurés jusqu’à présent par le pétrole et par le gaz oblige ces mêmes États à accélérer la mutation de leurs économies. Construites jusqu’à présent sur l’exploitation par des tiers des gisements d’hydrocarbures et donc sur la rente pétrolière, celles-ci vont devoir se diversifier dans les secteurs les plus divers, à commencer par l’agriculture, l’élevage, la pêche, le commerce, ce qui accélèrera leur marche en avant au lieu de la réduire.

° La troisième raison est  que les difficultés engendrées par la baisse des cours du brut contraindront à brève échéance les États de la région à construire une véritable communauté, un véritable marché qui deviendra dans un court laps de temps le moteur principal du développement. Forts des quelque deux cents millions d’êtres humains qui peuplent le Golfe de Guinée et plus généralement l’Afrique centrale, cette partie du continent africain va très probablement devoir mettre en place sans délai les structures communautaires qui lui font cruellement défaut aujourd’hui.

Plus que jamais, nous en sommes convaincus, c’est l’intégration régionale, et elle seule, qui permettra de résoudre les problèmes que soulève la chute des cours du pétrole. Comme elle l’a fait en Europe au lendemain de la deuxième Guerre mondiale, elle permettra aux pays victimes du coup de grisou qui sème actuellement le désordre sur le marché des hydrocarbures de continuer à progresser sur la voie de l’émergence.

Le temps n’est-il pas venu de le dire et de le démontrer aux peuples concernés qui n’attendent que ce signal pour reprendre espoir ? 

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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