Le « One Planet Summit » : Le sommet verra-t-il la mise en œuvre effective du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo ?

Mardi 12 Décembre 2017 - 10:27

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La Ville Lumière qui a vu l’adoption de l’accord sur le climat qui porte son nom, cela fait deux ans déjà, abrite cette semaine le sommet « One Planet Summit » à l’initiative du président Emmanuel Macron dans le but de remobilisation des finances en faveur d’une réelle mise en œuvre de l’Accord de Paris. Mais, encore une fois, la voix de l’Afrique portée par le président Denis Sassou N’Guesso, va-t-elle porter ? Son plan de sauvetage, à travers l’économie verte, du Bassin du Congo, le second poumon de la planète après l’Amazonie, va-t-il, enfin décoller ?    

Tout le gotha de la haute finance internationale, des chefs d’Etat et de gouvernement, de hauts responsables institutionnels et privés, des ONG, des experts et des stars de tous bords, des acteurs de la société civile et des représentants des médias doivent tous se mobiliser pour la réussite de ce sommet capital et des forums qu’il abrite et faire travailler les acteurs engagés sur la mise en œuvre de projets d’une manière extrêmement concrète, comme l’affirme l’Elysée.

Ce concret recherché et cette volonté ferme de passer au stade de l’exécution, ainsi que les initiatives qui seront décidées cette semaine, devraient répondre aux attentes de tout un continent qui a fait du « Fonds Bleu » la tête de pont de son action en matière de lutte contre le réchauffement climatique et qui, après avoir pris des engagements sérieux, attend toujours des preuves de la solidarité et de la coopération promises.

Suite au retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris qui porte un coup au financement en faveur du climat, Washington étant le premier contributeur au GIEC et au Fonds vert pour le Climat, il était impératif de relancer la mobilisation des acteurs concernant les financements publics et privés.

Après trois ans de stabilité relative, les émissions de CO2 liées aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), responsables de l'essentiel du réchauffement, sont reparties à la hausse. Il est, en effet, crucial d'assurer le financement d'une économie dé-carbonée, notamment en assurant des transferts entre le Nord et le Sud à travers des mécanismes comme le Fonds vert pour le climat et le Fonds bleu du Bassin du Congo pour l’Afrique.

Le constat au lendemain de la COP 23 est sans appel : les efforts en matière de financement sont aujourd'hui insuffisants pour parvenir aux engagements de l'accord de Paris. Aussi, le sommet de ce mardi 12 décembre doit contribuer grandement à fixer les modalités de financement d'une économie dé-carbonée sachant que les 100 milliards de dollars annuels promis aux pays émergents d'ici à 2020 constituent une petite part de l'ensemble des financements nécessaires pour réaliser une transition climatique au niveau mondial.

Le Fonds bleu pour le Bassin du Congo, lancé par le président Denis Sassou N'Guesso le 15 novembre 2015 à Marrakech, en plein travaux de la 22e Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui porte sur la préservation du deuxième poumon de la planète et concerne une douzaine de pays au cœur de l’Afrique a fait du chemin depuis et mérite toute l’attention du sommet.

En fait, si l’enjeu principal du sommet de Paris est de promouvoir un cadre qui permette de diriger les financements publics et privés vers des investissements verts, ce fonds bleu pour le Bassin du Congo qui représente à lui seul 220 millions d’hectares de forêts et qui vise à renforcer l’approche éco-systémique de gestion intégrée du massif forestier et des eaux de cette région, devrait être en tête de liste des préoccupations et des projets de financement. Ce bassin intègre, en effet, ce que la Commission économique pour l'Afrique a défini comme «l'économie bleue en garantissant des solutions tant au niveau économique qu'environnemental».

Le Fonds bleu propose des subventions renouvelables chaque année de 100 millions d’euros avec des engagements sur le long terme ; œuvrant pour la protection de l’environnement et pour la réduction des effets du réchauffement climatique dans la région. Projet de développement durable qui va au-delà de la simple gestion concertée et responsable des écosystèmes forestiers du deuxième poumon écologique de la planète, il doit promouvoir l’éclosion d’une économie bleue en Afrique centrale.

Le Fonds bleu est un programme de paix

 

« Le Fonds bleu est un programme de développement et d’intégration économique, puis de règlement des problèmes de pauvreté. Bref, c’est un programme de paix », a déclaré le président congolais, initiateur du projet. L’initiative a deux grandes ambitions : la préservation des forêts et des eaux du Bassin du Congo, mais aussi aider les populations de près de 100 millions d’âmes à accéder à une meilleure qualité de vie. Elle s’inspire du Fonds vert pour le climat de l’ONU et vient proposer des projets visant à préserver les eaux et forêts et à favoriser le développement local et l’économie bleue : amélioration des voies navigables, construction de petits barrages ou de systèmes d’irrigation, essor de la pêche, de la pisciculture, de l’écotourisme.

Le chef d’Etat Congolais et porte-parole de ses pairs africains pour le développement durable est connu depuis des décennies pour son combat pour la protection de l’environnement et le développement durable sur le continent. Les actions inlassables, les conseils prodigués, les pistes proposées et les initiatives prises, toujours inspirés des grands principes de la sagesse et du génie africain, constituent une richesse indéniable, une vraie banque de données où puiser les voies et moyens de réaliser les objectifs d’aujourd’hui.    

Cette vision dont les éléments ont été égrenés au fil des ans est à l’origine du lancement du Fonds bleu mais bien des initiatives innovantes avaient vu le jour avant ce projet fédérateur.

A la veille de son  départ pour le sommet climatique de Copenhague en 2009, le président avait présenté, à la Galerie Congo de Brazzaville,    des ouvrages consacrés aux défis du développement durable et à la place du continent dans l’avenir de la planète.

Publiés par Les Editions Jacques Marie Laffont et Les Portes du Soleil sous la direction de Maria Maylin, les deux livres « L’Afrique : enjeu de la planète » et « Gondwana et l’arbre des ancêtres » - parlent du rôle que l’Afrique va devoir jouer dans la bataille qui s’engage pour l’avenir de la planète.

Si le premier ouvrage est une réflexion sur le rôle de l’Afrique à l’heure où le monde se fragilise à cause du réchauffement climatique, le second, sous la forme plus plaisante d’un conte, est une bande dessinée « destinée à raconter aux enfants l’importance des arbres et leur rôle essentiel dans la préservation de la vie sur terre ». 

 

Terre d'Ecole, une initiative pour l'Afrique

Autre initiative du président qui devrait faire école sur l’ensemble du continent, et même plus loin, est le projet « Terre d’Ecole ». Parti d’une idée lancée par le chef d’Etat, notamment que l’école publique devrait être adossée à un champ pour initier les enfants et les jeunes et leur apprendre à s’occuper de leur terre tout en veillant à l’acquisition du savoir. Il s’agit, en effet, de les préparer aux défis du développement durable. Le projet est en passe de devenir l’embryon d’un vrai réseau « TDE » en Afrique vu l’intérêt et l’enthousiasme que ne cessent de susciter son-projet phare de campus de Kintélé, près de Brazzaville, et les activités de labellisation des écoles « vertes ».

Sûr de la crédibilité de son action, le président aime à répéter qu’au « moment où se pose le problème du changement climatique à l’échelle du monde l’Afrique peut se présenter, comme je le dis souvent, comme une solution et non pas comme un problème ».

L’implication du Maroc qui était dûment représenté, le 9 mars  dernier à Oyo,  la ville natale du président Sassou N’Guesso, au cœur de la forêt tropicale qui a abrité la signature de l’accord créant le Fonds, a activement contribué à l’accélération de la mise en œuvre du projet, implication qualifiée de première illustration de « l’Afrique en action » prônée par le Souverain marocain. 

Le Fonds bleu a été désigné comme dossier prioritaire par et pour le continent africain. Il a pour objectif la redéfinition des bases de l'économie de la région du bassin du Congo, en passant de l'exploitation des forêts à un développement durable et innovant autour des eaux du Congo et de ses affluents.

En plaçant  la question de l'exploitation de l'eau, en tant que fondement d’une justice climatique, au centre des enjeux de paix et de stabilité, il permettra ainsi d'assurer la prospérité des nations, l'épanouissement des individus et la préservation de l'environnement. Mais, l’urgence autour de cette priorité sera-elle comprise et prise en compte cette semaine à Paris, ou faudra-t-il attendre la prochaine échéance à San Francisco, en 2018, pour en parler encore ?

Le succès du One Planet Summit et ses résultats seront jugés à l’aune de la priorité accordée par la communauté internationale à de grands projets comme le Fonds bleu qui concerne le devenir, voire la survie même, du poumon de l’Afrique, le continent de toutes les promesses, et qui attend que le reste du monde tienne d’abord les siennes. Il y va de l’avenir de tous./

Abdou Akdim Senior Editor

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