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Le pire n’est jamais sûr

Samedi 13 Février 2016 - 12:00

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Le moins que l’on puisse dire, en ce début d’année 2016, est que le climat  général dans le monde des hommes n’incite guère à l’optimisme. De la montée des extrémismes religieux à l’effondrement des cours de la bourse dans la plupart des places financières, en passant par le ralentissement de la croissance sur les cinq continents, ou l’aggravation des tensions entre les « Grands » la liste, non exhaustive bien évidemment, des menaces qui pèsent sur les peuples est aussi longue que diverse. Mais doit-on en conclure que la communauté internationale se trouve à nouveau au bord du gouffre et que le pire sortira à plus ou moins brève échéance des désordres auxquels nous assistons impuissants ?

Quitte à être démentis par les faits et donc d’être contraints, demain, de battre notre coulpe il semble, bien au contraire que de grands progrès peuvent surgir du mauvais climat qui marque ce temps. Dans trois domaines au moins, en effet, les menaces qui s’aggravent de jour en jour peuvent conduire la communauté internationale à s’organiser pour les combattre efficacement.

° Le premier est celui de la lutte contre le fanatisme qui menace des régions entières de la planète et qui ne pourra être combattu avec efficacité que si les Etats concernés directement ou indirectement s’entendent afin d’y mettre un terme. Pour ne citer que cet exemple, comment le monstre que l’on désigne sous le nom d’ « Etat islamique » ou Daech pourrait-il être neutralisé si la Syrie, l’Irak, l’Iran, la Turquie,  mais aussi la Russie, les Etats-Unis, l’Europe ne s’entendent pas pour le combattre ? Tout comme cela s’est produit lors des deux guerres mondiales qui marquèrent le siècle précédent d’un sceau indélébile, la paix ne sera restaurée dans les régions concernées que si une coalition se forme avec tous les moyens matériels nécessaires pour y parvenir. Cela n’a rien d’impossible.

° Le deuxième domaine est celui de la finance internationale dont les emballements anarchiques font craindre, à juste titre, la réédition de la crise dite des « subprimes » en 2008 et, plus encore, de la grande dépression de 1929 qui fut précisément à l’origine de la deuxième guerre mondiale. Si l’on veut éviter que le monde sombre à nouveau dans le chaos que génère l’appétit  insatiable de l’ultra-capitalisme mondial, il faut mettre en place sans attendre les dispositifs contraignants qui protègeront l’économie réelle contre l’économie virtuelle dont les nouvelles technologies accroissent démesurément la puissance. Pour dire les choses sans faux-semblant l’heure est sans doute venue d’une nouvelle conférence de Bretton Woods qui institua, en 1945, la forme de gouvernance monétaire et financière que nous voyons se déliter sous nos yeux. Cela non plus n’a rien d’impossible.

° Le troisième domaine est celui du rééquilibrage de la gouvernance mondiale en fonction des réalités humaines présentes et non plus des seuls rapports  de force entre grandes puissances. Soixante-dix ans après sa création le système mis en place par l’Organisation des Nations unies est en effet obsolète, dépassé, incapable de protéger l’humanité contre les multiples dangers qui la menacent, à commencer, bien sûr, par la dégradation de l’environnement. Si les « Grands », qui se sont accaparé le pouvoir en arguant de leur puissance militaire et de leur poids économique, ne font pas aux Africains, aux Latino-Américains, aux Asiatiques la place qui leur revient de droit en raison de leur poids humain, l’on peut être certain que la « maison de verre » des bords de l’East River, à New-York, volera en éclats un jour ou l’autre. Le temps presse de façon évidente.

Comme cela s’est toujours produit dans l’Histoire, le progrès peut naître aujourd’hui des tourments que la folie humaine génère  Il suffit pour cela que des voix s’élèvent en divers points du monde afin de rappeler que notre espèce s’autodétruira si elle ne regarde pas la vérité en face et s’accorde pour combattre les mauvais démons qui la travaillent. N’est-ce pas précisément ce que vient de faire le Pape François en se réconciliant, à La Havane, avec le Patriarche Kyrill après mille années de brouille entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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