Le rêve de Martin Luther King 50 ans après

Samedi 31 Août 2013 - 10:43

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Point n’est besoin de démontrer que l’ignorance ou l’occultation d’événements historiques majeurs constituent un obstacle à la compréhension mutuelle, à la réconciliation et à la coopération entre les peuples. L’organisation fin août d’une semaine commémorative du cinquantième anniversaire du discours du pasteur noir américain dans lequel il prononça la fameuse phrase « I have a dream » (Je fais un rêve) visait à consolider cet esprit de compréhension

À l’instar de l’élan pris par l’Unesco pour briser le silence sur la traite négrière et l’esclavage (en proclamant le 23 août Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition) qui ont impliqué tous les continents et provoqué des bouleversements considérables qui modèlent en conséquence nos sociétés modernes, cet événement vaut la peine d’être classé parmi les grands souvenirs de l’histoire afro-américaine. Cela pour la simple raison que Martin Luther King, acteur de la lutte pour l’égalité des droits et contre les discriminations raciales à l’époque de la ségrégation, est devenu un grand symbole.

Pour marquer cet événement, le premier président afro-américain, Barack Obama, qui doit son accession au pouvoir en partie à l’action de Martin Luther King, a participé aux célébrations du cinquantième anniversaire de I have a dream. Des milliers de personnes massées sur la place du Lincoln Memorial versaient des larmes en souvenir du pasteur américain assassiné par un Blanc en 1968 à l’âge de 39 ans.

Dans son discours, Barack Obama a affirmé que les mots prononcés dans le discours du pasteur étaient « éternels » et en a profité pour saluer Martin Luther King qui, selon lui, a « offert le salut aux opprimés comme aux oppresseurs ». Il a assuré que les « sacrifices » de ce pasteur d’Atlanta et de ses compagnons pour parvenir à l’égalité raciale n’avaient pas été vains. Après lui avoir rendu hommage, ainsi qu’aux inconnus qui avaient lutté avec persistance pour les droits des Noirs, le président a déclaré : «Parce qu’ils ont marché, des conseils municipaux ont changé, des parlements des États ont changé, le Congrès a changé, et oui, en fin de compte, la Maison-Blanche a changé. » Barack Obama s’exprimait ainsi à l’endroit même où Martin Luther King avait délivré son discours, notamment sur les marches du Lincoln Memorial.

« Mais nous ne ferions pas honneur à ces héros en affirmant que le travail de notre pays est fini. La trajectoire de l’univers moral se rapproche peut-être de la justice, mais elle ne se rapproche pas toute seule, a-t-il ajouté. Pour conforter les acquis de ce pays, il faut de la vigilance, pas de la complaisance. Que ce soit pour lutter contre ceux qui érigent de nouvelles barrières au vote ou faire en sorte que la justice fonctionne de manière équitable pour tout le monde (...) et ne soit pas simplement un tunnel entre écoles sous-financées et prisons surpeuplées, il faut de la vigilance », a affirmé Barack Obama

Et le président américain de poursuivre : « Les promesses de ce pays ne seront tenues que si nous travaillons de concert (...) et continuons à marcher. » Il était devancé à la tribune par les anciens présidents américains Bill Clinton et Jimmy Carter, mais aussi par des membres de la famille de Martin Luther King et le représentant de Géorgie, John Lewis, dernier survivant des orateurs de 1963.

Le chef de la Maison-Blanche a assuré que la lutte engagée par Martin Luther King devra être soutenue jusqu’à l’accomplissement totale de son rêve. « Il va nous falloir souffler sur les braises de l’empathie et de la fraternité, la coalition des consciences qui s’est exprimée ici il y a 50 ans (…). Ô États-Unis, je sais que le chemin sera long, mais nous pouvons y arriver (...) C’est ainsi que lorsque quelqu’un hésite, quelqu’un d’autre l’entraîne et lui dit, en avant, marchons », a-t-il souhaité. Pour le président américain, si Martin Luther King était encore en vie, il « serait émerveillé par les progrès » accomplis depuis la ségrégation jusqu’à maintenant malgré le taux de chômage de 12,6% qui touche actuellement la communauté noire. « Mais, a-t-il poursuivi, le pasteur dirait que nous n’avons pas fait autant de progrès dans ce volet qu’en matière civique et sociétale, et qu’avoir un président noir n’est pas suffisant. »

Pour rappel, notons que le 28 août 1963 et devant environ 250 000 personnes qui étaient mobilisées à la faveur de la marche sur Washington pour le travail et la liberté (en anglais March on Washington for Jobs and Freedom, Luther King fit un discours et lança : « Je fais un rêve, celui qu’un jour cette nation se lèvera et se mettra à vivre pleinement son credo : nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux. Je rêve qu’un jour, sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité. Je rêve qu'un jour l’État du Mississipi lui-même tout brûlant des feux de l’injustice, tout brûlant des feux de l’oppression, se transformera en oasis de liberté et de justice. Je rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau mais à la nature de leur caractère… »

Nestor N'Gampoula