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Le vrai visage de la musique des jeunes aujourd’hui

Samedi 27 Septembre 2014 - 11:12

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Il y a plus de « bruit » que de thèmes éducatifs dans cette musique aux refrains cacophoniques et qui ne repose que la citation des noms de diverses personnalités. Cette musique, nous allons le voir, est soutenue par des textes impropres, indigestes, obscènes, sales. Quelle gêne que d'écouter cette musique en famille !

Nous n’incriminons pas tous les jeunes musiciens. Car il y a aussi des anciens qui emboîtent le pas et versent dans cette musique "immorale". de même qu'il y a une frange de jeunes musiciens qui sortent du lot en proposant une musique riche et consommable.  Oui cette musique, disons-le, sans hypocrisie, est plus composée de séquences dépravatrices des mœurs que des paroles moralisatrices ou éducatives. Cette musique, comme le disent des observateurs, fait plus transpirer. Plus qu'une musique, c'est un sport.  

Dans leurs textes, ou chansons, ces jeunes artistes-musiciens n'hésitent pas de citer  nommément des organes intimes de l’homme ou de la femme, chantent presque la pornographie, exposent la nudité dans les clips, poussent à la prostitution, à l’incivisme, etc. Pire encore, dans leurs compositions, cette nouvelle génération de musiciens aligne des noms des autorités politico-administratives, des entrepreneurs, des directeurs généraux et autres sans que ces derniers ne réagissent même quand leurs noms sont mélangés aux insanités. Qu’est-ce qui se cache derrière le nom de telle ou telle autre autorité citée dans ce genre de chansons ? La réponse se trouve chez les auteurs-compositeurs de ces œuvres. Autre question pertinente : des œuvres de cette nature peuvent-elles résister au temps comme l’ont été certaines oeuvres des années 60, 70 ou 80 ? À l'instar de celles produites par Franklin Boukaka, Théo Blaise Nkoukou, Pamelo Mounka, Jean serge Essou, Pierre Moutouari, etc. ? Aurons-nous encore droit aux peuvres dites intemporelles comme jadis ? 

Pour revenir aux chansons qui sont l'air du temps, interrogeons-nous sur ce que peut être l'attitude d'un citoyen de bonne moralité quand, le long de la journée, dans les bars, buvettes, rues, cérémonies populaires et autres, il est servi par des chansons avec des paroles du genre « na mbéto ossala ka rien » (Tu es nul au lit). Pour comprendre cette "inculture", il suffit d'analyser le profil des jeunes qui s'engagent dans la carrière musicale. Comment y entrent-ils ? Sont-ils formés ? Quel est le niveau des uns et des autres ? La réponse est évidente : nombreux ne reçoivent pas une dose d'initiation de la part des anciens musiciens et nombreux aussi ne passent pas une école de musique. On a affaire à des jeunes souvent en mal d’inspiration (ou mal insoirés pour reprendre leurs propres terminologie), moins sages et en porte à faux avec les vertus. Des jeunes enclins au populisme et au sensationnel, qui ne prennent pas assez de temps pour écrire leurs textes et les relire. Phénomène des temps et de société, c'est cette musique, parfois incestueuse, qui est la plus consommée par la jeunesse. Donc la mieux vendue. 

Certes la musique est appelée à évoluer mais la crainte c’est de voir que cette musique évolue sans tenir dans le temps. On peut aussi sans se le cacher dire ouvertement qu’à côté de cette génération à la musique cacophonique et au contenu bas et plat, il y a tout de même une minime frange de jeunes artistes-musiciens qui écrivent des textes bien inspirés participant ainsi à la moralisation des citoyens. La distraction musicale ne signifie nullement qu’il faut injecter dans l’opinion des paroles malséantes et impudiques.

Peut-être est-ce la raison pour laquelle certains jeunes ont dû mal à trouver des producteurs et des sponsors ? La réticence de ces derniers ne vient-elle pas du contenu indigeste et boîteux des œuvres qui leur sont soumises ?

Que dire enfin des clips télévisés ? Ici, tout interpelle : le vestimentaire, le gestuel et les paroles. Ces trois volets laissent à désirer. Et les conséquences qui en découlent sont nombreuses chez les jeunes consommateurs : la sexualité précoce, le viol, l’inceste, les grossesses non désirées, la perte des valeurs morales, le manque de courtoisie, l’incivisme, l’inculture...

Et si les choses continuent ainsi, on serait tenter de dire que la musique, au lieu d’être un moyen d’éduquer la population, devient un facteur de chute des valeurs, de regression sociale et tensions sociales. Or une musique de qualité est un grand honneur à la fois pour l’artiste-musicien lui-même et pour son pays. 

Question : pourquoi recourir à des thématiques qui n'ont pas d'intérêt lorsqu’on sait que la société est un grand gisement de sujets susceptibles d'inspirer les jeunes musiciens ?

  

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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