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Lentement mais sûrement …

Samedi 23 Février 2019 - 19:49

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Oui, lentement mais sûrement, l’Afrique s’impose aujourd’hui sur la scène mondiale comme l’acteur incontournable des décennies et des siècles à venir sur la scène mondiale. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire ce qui s’écrit ou d’entendre ce qui se dit jour après jour à son propos sur les cinq continents aussi bien dans les cercles diplomatiques que dans les milieux industriels et financiers ou dans la sphère médiatique. Avec trop souvent encore, bien sûr, des jugements décalés par rapport à la réalité et des analyses trop partielles pour traduire avec justesse l’émergence du continent, mais avec une modification aussi progressive que radicale de l’image que celui-ci projetait jusqu'à présent.

Toutes proportions gardées, il se passe aujourd’hui pour l’Afrique ce qui s’est passé hier pour la Chine : c’est-à-dire la découverte par la planète tout entière qu’un immense marché s'organise, ou plus exactement va s’organiser dans l’espace géographique qui était jusqu’à présent perçu comme un monde en devenir à longue échéance et non comme une réalité tangible du temps présent. Toutes proportions gardées, disons-nous ici, parce que l’Afrique occupe en réalité un espace beaucoup plus vaste et beaucoup plus divers que l’ex-Empire du Milieu, fait vivre une population qui sera à échéance de cinquante ans deux fois plus nombreuse et plus jeune, détient des ressources naturelles aussi diverses qu’inépuisables. Bref, a des atouts que la Chine ne possède pas et ne possèdera jamais.

Dans ce contexte très particulier, le véritable défi que les Etats africains doivent relever alors que la communauté internationale dans son ensemble commence à prendre la juste mesure du rôle qu'ils joueront à l'avenir dans l'évolution de la planète, est celui de faire entendre suffisamment fort leur voix à l'échelle planétaire pour obtenir dans la gouvernance mondiale la place qui revient à leur continent, en raison de sa puissance latente. Telle que cette même gouvernance fonctionne aujourd'hui, en effet, les cinquante-quatre pays qui composent l'Afrique n'y ont qu'une influence très limitée, pour ne pas dire inexistante.

Que ce soit au sein des Nations unies où elle ne détient aucun des sièges permanents du Conseil de sécurité, dans les institutions financières telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, dans les organisations culturelles comme l’Unesco, l’Afrique est, en effet, toujours sous-représentée, pour ne pas dire marginalisée. Une situation d'autant plus décalée par rapport aux réalités de ce temps que la communauté mondiale dans son ensemble prend peu à peu la mesure du rôle que jouera le continent à brève échéance dans la conduite des affaires humaines.

S'il ne nous appartient pas de dire comment les dirigeants africains doivent s'y prendre pour amener leurs pairs des autres continents à accepter de rééquilibrer enfin les pouvoirs au sein des institutions internationales, il nous incombe, en revanche, de dire que le temps devient propice pour une telle évolution. Cela pour au moins deux raisons que voici : d'abord parce que l'Afrique sera à bref délai le plus grand et le plus riche marché du monde du fait de la croissance et de la jeunesse de sa population ; ensuite parce que l'Afrique est appelée à jouer un rôle clé, décisif même, dans la lutte contre le dérèglement climatique qui menace très directement le destin de l'humanité.

Le temps est certainement venu d'en tirer les conséquences, toutes les conséquences.

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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