Opinion

  • Le fait du jour

Les Congolais et leur cadre de vie

Samedi 28 Mai 2016 - 14:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


C'est à un vaste chantier que le gouvernement devra s'attaquer avec l'attribution du portefeuille de la ville et du cadre de vie. Dans l'équipe du Premier ministre Clément Mouamba nommé le 30 avril dernier, sur la règle de préséance, le troisième ministère est en effet celui de la Construction, de l'urbanisme, de la ville et du cadre de vie. Dirigé par le ministre d'Etat, Claude Alphonse Nsilou, il est assurément, pour ce qui concerne sa dimension "ville et cadre de vie", l'un des départements ministériels les plus transversaux qui soient. Son lien avec le quotidien des Congolais dans leur environnement existentiel parait en effet évident.

Il faut dire, en raison des problèmes multiformes dans les principales villes du congo : insalubrité, l’urbanisation galopante avec sa symbolique des quartiers périphériques aux logements précaires, insuffisance et même obstruction  des voies de circulation existantes, nuisances sonores, délinquance, vandalisme et bien d’autres, que l’avènement d’un ministère en charge du cadre de vie a été salué par plus d’un Congolais. Bien souvent, devant la dégradation continue des voiries urbaines à Brazzaville ou à Pointe-Noire, nombreux sont des gens qui se demandent toujours entre les municipalités et le gouvernement, à qui revient l’initiative de leur réfection ou de leur entretien ? Et même quel est le ministre qui s’occupe de la bonne santé des routes en ville ?

A l’évidence la définition des missions de chaque ministère, dans une lettre de cadrage du chef de l’Etat, pourrait aider à mieux cerner les contours de la gouvernance des villes congolaises, à minimiser les frictions liées aux interprétations divergentes des prérogatives de chacun et ainsi mieux affronter les défis que pose l’amélioration du cadre de vie des populations. Comme cela peut se comprendre, selon que l’on se trouve en ville ou en campagne, selon que l’on parle de  Brazzaville, de Pointe-Noire ou des nouvelles citées bâties à l’intérieur du pays grâce à la politique de la municipalisation accélérée, les défis sont globalement les mêmes à la différence que leur ampleur pourrait être différente.

De ce qui précède, étant donné la proximité de fait entre les notions de construction, d’urbanisme, de ville et de cadre de vie, les services outillés de ce ministère dorénavant densifié gardent sans doute, plus que quiconque, une large vue sur les nouvelles attributions de celui-ci. Il lui restera à confronter sa base de données à la réalité, à disposer de moyens adéquats pour mener à bien sa mission. Ce qui est certain, son action impactera positivement sur la ville lorsque sa machine se mettra en marche.

Pour ce qui est de la transversalité de ce ministère, cela va sans dire que les fléaux auxquels il fera face le seront aussi pour les autres départements s’occupant de l’Intérieur et décentralisation, le Développement durable et environnement, le Commerce et consommation, la Réforme foncière, l’Energie et hydraulique. Pour ne citer que ceux-là.

Observons, pour être concret, comment les vandales s’en prennent souvent aux installations de distribution d’eau et d’électricité, comment les bistrots et les églises de réveil dans les quartiers dits populaires portent les haut-parleurs de leurs enceintes dans la rue, comment certaines personnes à Brazzaville disposent des épaves de voitures ou des troncs d’arbres dans la rue obstruant la circulation piétonne et automobile au motif de prévenir des mares d’eau devant leurs parcelles; d’autres se livrent à des lotissements illicites de parcelles de terrain réduisant rues et avenues à leur plus simple expression. Ce qui provoque parfois des érosions devenues une autre source de précarité…

Observons comment, dans les marchés de quartiers, vendeurs et vendeuses exposent leurs marchandises à même le sol. A ces actions néfastes de l'homme sur son cadre de vie auxquelles les pouvoirs publics sont tenus d'apporter des solutions, il est important d'ajouter à ces solutions attendues les actes que ces mêmes pouvoirs publics doivent accomplir pour rendre agréable la vie des populations dans les villes et villages qu'elles habitent: la route, l'eau, l'électricité, la santé, l'éducation, ce sont autant d'efforts en soutien à la rédistribution des richesses nationales qui concourent à l'apaisement. Alice Parizeau* le restituait fort bien en ces termes: " Rien ne réflète mieux l'âme des gens que le cadre dans lequel ils vivent".

* Alice Pariezau, écrivaine, journaliste et criminologue québécoise d'origine polonaise (1930-1990)
 

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles