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Les dures leçons du G 20

Lundi 9 Septembre 2013 - 18:08

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Résumées de façon sommaire, mais mûrement réfléchies les leçons de la conférence des vingt plus grandes puissances mondiales qui vient de se tenir à Saint Pétersbourg, sont les suivantes.

  1. La Russie est apparue telle qu’elle est devenue sous la férule de Vladimir Poutine : une nation décomplexée, ayant réglé ses différends avec sa propre Histoire, consciente de sa capacité à agir au plan international, résolue à ne plus se laisser manœuvrer, décidée à se faire respecter et à défendre ses intérêts contre vents et marées. Elle est indiscutablement la grande gagnante de ce G 20.
  2. La Chine a pris soin de ne pas se mettre trop en avant, considérant sans doute qu’elle n’aurait rien à gagner en prenant des positions abruptes alors qu’elle a entrepris de consolider son influence en investissant massivement en Europe et en Afrique, mais aussi en plaçant l’essentiel de ses réserves financières en dollars américains. Ce qui ne l’a pas empêché de s’opposer clairement à toute intervention militaire en Syrie.
  3. Les Etats-Unis, comme on pouvait le prévoir en raison de l’étonnante série d’erreurs commises par le Président Barack Obama dans le montage d’une intervention militaire en Syrie qui n’aura sans doute jamais lieu, sont les grands perdants de l’affaire. Leur principal partenaire, à, savoir l’Union européenne, refusant de les accompagner dans cette nouvelle et absurde aventure ils se retrouvent très isolés sur la scène internationale.
  4. L’Europe a démontré qu’elle n’existe qu’au plan économique et financier, se divisant sur les questions essentielles au point d’apparaître telle qu’elle est réellement, c’est-à-dire un ensemble de nations qui n’a ni projet commun , ni objectif stratégique défini, ni même volonté politique. Tout au plus a-t-elle confirmé que l’Allemagne prend progressivement le leadership de la communauté.
  5. La France s’est dangereusement déconsidérée en alignant ses positions sur celle des Etats-Unis alors que, de toute évidence, les positions abruptes prises par la Maison Blanche dans la crise syrienne n’avaient aucune chance d’être approuvées par les Vingt. Elle a fait preuve d’une absence affligeante de réflexion et de sens politique qui lui coûtera certainement très cher dans les mois et les années à venir.
  6. Les puissances émergentes telles que le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde ont profité du sommet de Saint Pétersbourg pour rappeler avec force qu’elles existent à leurs grands partenaires.  Elles ont pris soin de ne pas se mêler des querelles qui dressaient ces derniers les uns contre les autres, notamment à propos de la Syrie, tout en  faisant entendre leur voix avec suffisamment de force.

La leçon que l’on doit tirer globalement de ce dix-huitième G 20 c’est que le temps est révolu ou les puissances occidentales pouvaient agir sur la scène internationale comme elles l’entendaient. Désormais aucune opération telle que les guerres d’Irak, d’Afghanistan ou de Libye ne sera plus possible.

C’est à nos yeux un grand et véritable  progrès !

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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