Les immortelles chansons d’Afrique : « Aimé wa Bolingo » d’Edo Nganga

Jeudi 18 Juin 2020 - 18:41

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« Aimé wa Bolingo » constitue sans nul doute l’un des plus importants succès de Nganga Edo. Ce titre a accompagné l’artiste le long de sa carrière. Depuis l’annonce de son décès, cette chanson se fait de plus en plus entendre sur les médias tant nationaux qu’internationaux.

Joué en Do, ce tube est chanté en duo par Edo et Viky Longomba. Le début de la chanson est marqué par une mélodie ponctuée par le saxo de Nino Malapet, la guitare de Luambo et la percussion de Desoin. « Aimé wa bolingo kobosana ngai té ata to zali mingui, louka ya yo ya séko. Kasi ngai chérie, boutou moyi na kolala té kolia malamu té, na zali kobanza sé yo », « Mon amour ne m’oublie pas même si nous sommes nombreux, cherche avec qui tu vivras éternellement. De mon côté chérie, nuit et jour je ne dors pas je ne mange pas bien à force de penser à toi ».

Les ballades de l’instrument versatile de Luambo introduisent la deuxième partie de la chanson où on retrouve le duo qui chante : « o di Aimé wa bolingo ya ngai na yo suka té ». La chanson fit sensation auprès du public dès sa sortie en 1956 et Edo Nganga confirma son talent de chanteur de charme au sein de l’Ok jazz. A cette période, Franco est concentré à la guitare solo, la guitare basse est assurée par Delalune, Kouka célio est maracassiste chanteur. En 1957, le morceau va connaître un succès prodigieux à tel enseigne que Nino Malapet sera traduit en justice par les patrons de la maison Ngoma pour sa participation dans ce disque alors qu’il était sous contrat avec cette firme. C’est, en effet, après le départ d’Essous et Rossignol que Franco avait jugé bon d’appeler Edo. Ce dernier viendra avec Célio et demandera à son ami du Négro Jazz, Nino, d’intervenir dans cette sérénade dédiée à sa mère. « J’avais besoin des intonations du saxo dans ce tube et connaissant les qualités de Nino je lui ai demandé de participer à l’enregistrement de ce titre. Sa réponse fut positive », nous relatait le patriarche.

Sortie en 78 tours sous la marque de Loninguisa, « Aimé wa Bolingo » est l’une des chansons la plus interprétée dans l’histoire de la musique des deux rives du fleuve Congo. Lors des obsèques de Madilu Système, le 21 août 2007, cette admirable cantilène fut exécutée par plusieurs artistes parmi lesquels : Tabu Ley, Verkys, Efongué, Fally Ipupa, etc.

Fils de Mayinguidi André et de Ganga Vouala Véronique, Edouard Nganga, dit Edo, est né le 27 octobre 1933 à Léopoldville. De son parcours on retiendra ses débuts dans Négro Jazz, en 1954, puis dans l’Ok Jazz de 1956-1959 et 1962-1964. Dans Les Bantous de la capitale dont il fut cofondateur en 1959, il est caractérisé par des aller-retour. En 1972, il crée les Nzoi. En 1976, il rejoint le peuple. En 1990, il est cofondateur des Bantous monuments. Après avoir travaillé pendant 66 ans, à l’instar du créateur qui après 6 jours se reposa le 7è, Edo a choisi le 7e jour du mois de juin 2020 pour un repos éternel. Ses œuvres en 78 tours, datant de plus de 60 ans, sont aujourd’hui conservées par la maison culturelle Biso na Biso.

Fréderic Mafina

Légendes et crédits photo : 

Edo Nganga

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