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Les médias, moteurs de l'émergence africaine

Samedi 8 Avril 2017 - 12:53

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La multiplication des voyages, des rencontres, des  séminaires de formation auxquels sont conviés de plus en plus fréquemment les journalistes africains confirme, s'il en était besoin, que la presse sous toutes ses formes est de plus en plus perçue par les grandes nations comme l'un des moteurs du puissant mouvement qui fera de l'Afrique, à très court terme, l'un des principaux acteurs de l'économie mondiale. Regardés jusqu'à présent avec indifférence, pour ne pas dire avec mépris, les médias du continent apparaissent désormais incontournables.

Et tout indique que ce mouvement s'accentuera dans les années à venir pour au moins deux raisons que voici résumées en quelques lignes.

° Première raison: la presse africaine, même si elle n'est pas toujours exemplaire dans ses observations, ses analyses, ses commentaires - mais existe-t-il un pays, une région, un continent dans le monde où ce soit le cas ? -, joue de façon claire un rôle de plus en plus important dans l'évolution des idées et donc dans l'adaptation des sociétés aux réalités du monde moderne. Faisant siennes les techniques de communication  les plus avancées, elle répond de façon efficace à la demande de celles et ceux qui veulent savoir ce qui se passe dans leur entourage immédiat comme dans leur environnement lointain. Si elle n'a pas, bien évidemment, la capacité de tout observer, de tout expliquer elle joue un rôle majeur dans le décryptage de l'actualité;  si bien que plus le temps passe plus elle gagne en influence.

° Deuxième raison: la "planétisation" du monde, c'est-à-dire le fait que le temps et l'espace ne constituent plus des barrières pour la communication entre les hommes, rend indispensable le travail que font en continu les journalistes: c'est-à-dire tenter de comprendre, au-delà de l'évènement, de l'actualité immédiate, du fait instantané, ce que génèreront les faits dont ils rendent compte. Vraie pour la télévision et la radio, qui ont une capacité de réaction ultra-rapide, cette mission l'est tout autant sinon même plus pour la presse écrite – agences de presse, quotidiens, magazines, périodiques - qui dispose, quant à elle, de tout le temps nécessaire pour prendre du recul par rapport à l'actualité brûlante. Et l'on peut être certain que l'explosion des réseaux sociaux, qui devient au fil du temps le moteur de la désinformation planétaire, ne fera qu'accentuer ce mouvement dans les années à venir.

Alors que la presse congolaise prépare ses Assises nationales, il n'est pas inutile de rappeler ces vérités qui marquent fortement l'époque où nous vivons. De la même façon que, partout dans le monde, les sociétés humaines se demandent comment elles peuvent favoriser l'essor des grands moyens d'information et de communication sans altérer leur liberté, de la même façon nous devons réfléchir au processus qui permettra à nos médias, petits et grands, de remplir le devoir qui est le leur dans une société en pleine mutation.

De la formation des journalistes à la responsabilité individuelle et collective des médias, en passant par l'assimilation des nouvelles technologies de la communication, par la mise en place d'aides publiques à la presse, ou par l'instauration de règles déontologiques mieux adaptées au temps présent l'éventail des sujets à traiter dans le cadre d'une telle rencontre est aussi vaste que stratégique. Il peut déboucher sur des avancées qui feraient du Congo un modèle sur le continent et contribuer ainsi de façon décisive à corriger l'image déformée que s'obstinent à projeter de grands médias étrangers aux desseins pour le moins obscurs.

Qu'il nous soit permis d'ajouter, en conclusion provisoire de cette réflexion, que les médias écrits, qui furent longtemps les enfants pauvres de la scène médiatique congolaise, devraient faire l'objet d'une attention particulière dans le moment présent. Pouvant être lus, grâce à Internet, sous toutes les latitudes en même temps que sur le territoire national, ils voient leur audience s'élargir de jour en jour et jouent de ce fait un rôle décisif dans la communication en relatant les faits sans les déformer, en commentant l'actualité quotidienne de façon objective, en donnant la parole de façon équitable aux acteurs de la scène politique, économique et culturelle. 

Jamais, contrairement aux apparences, l'écrit n'a été aussi important pour l'évolution des sociétés humaines. Jamais, nous semble-t-il, il n'a mérité autant d'attention de la part des pouvoirs publics et plus généralement de la société tout entière.

 

    

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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