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Les médicaments de la rue, tout le monde en parle

Samedi 2 Mai 2015 - 19:47

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Que ce soit les pouvoirs publics, la population, le personnel de santé, que ce soit les vendeurs eux-mêmes, tous arrivent à la même conclusion : ce commerce des faux médicaments est une vraie promotion des risques pathologiques. Mais le vrai problème, c’est comment y mettre fin ?

En des termes simples, les médicaments sont des produits destinés à prévenir des maladies, à les traiter, ou parfois même à les déceler. Et ils ne sont mis sur le marché que lorsqu’ils ont reçu l’accord des services compétents internationaux, en l’occurrence celui des services de l’Autorisation de la mise sur le marché (AMM) via l’Organisation mondiale de la santé, car ils sont passés par une série d’expérimentations qui a duré un certain nombre d’années. Ces produits sont faux ou sont dits de la rue lorsqu’ils sont, entre autres, vendus par des personnes non autorisées qui ne respectent même pas leur condition de conservation, lorsqu’ils ne sont pas fabriqués par des laboratoires accrédités ou enfin lorsqu’ils ont des étiquettes trompeuses ne respectant pas leur date de péremption et autres.

Prenons le cas de la vente à ciel ouvert de ces produits par des personnes qui n’ont aucune compétence. Aujourd’hui, en Afrique, cette pratique atteint des proportions inquiétantes et le Congo n’est pas épargné. D’où la création au Congo ou ailleurs des associations de lutte contre des faux produits. Alors, quelles en peuvent être les causes de ce phénomène ? Les acheteurs de ces produits disent que ces mêmes produits dans les pharmacies coûtent extrêmement chers, ce qui les pousse à les acheter dans la rue. Les vendeurs quant à eux disent avoir un vrai business, car cette vente leur fait gagner des sous. Conséquence : on court le risque des échecs thérapeutiques. Et cela contribue aussi à une augmentation des résistances comme dans le cas des antipaludiques. Selon une étude de l’Institut américain « Fogarty International Centre », près d’un tiers de médicaments antipaludiques serait faux ou inefficace à cause de ce phénomène de faux médicaments et cela a pour conséquence la résistance du plasmodium.

Et pourtant, on sait bien qu’une molécule dont la date de péremption est dépassée peut être nocive pour la santé humaine. Mais chose curieuse, il n’est pas rare de suivre sur les médias qu’une certaine quantité de médicaments destinés à tel ou tel pays a été saisie à cause de leurs étiquettes trompeuses. Alors à quoi servent donc ces étiquettes si elles sont trompeuses ? D’où la vigilance accrue des services techniques nationaux de contrôle. Sinon la conséquence, ce serait la kyrielle de maladies de toute nature pouvant conduire à l’irréparable.

Que dire de la conservation et de la contrefaçon ? La mauvaise conservation fait perdre la substance active et crée de la toxine. La contrefaçon reproduit des molécules identiques en apparence aux molécules originelles mais très différentes par leur dosage. Ces molécules sont faites délibérément et frauduleusement pour tromper sur leur identité et leur origine. Ils sont des médicaments « non maîtrisés » par l’OMS et la communauté scientifique internationale légale. Des laboratoires qui fabriquent ce genre de produits, réussissent à les injecter dans le circuit de la vente avec la complicité de certains spécialistes du domaine. Ils sont des poisons pour l’organisme humain.

Aux autorités sanitaires, il devient urgent d’imaginer des stratégies pour éradiquer sinon minimiser l’ampleur de ce phénomène, car un produit acheté dans la rue parce que moins cher comporte des « gros » risques sanitaires pour celui qui l’utilise.

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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