Les sœurs au volant…

Mardi 28 Janvier 2014 - 16:30

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Quand la sécurité routière italienne veut faire baisser le nombre d’accidents, elle n’entend laisser personne de côté, pas même les prêtres et les bonnes sœurs !

Le monde d’aujourd’hui, on le sait, n’est plus que données, statistiques, écoutes, vidéosurveillances et instantanés de vie qui finissent dans les puissants ordinateurs d’organisations officielles ou non. C’est pourquoi, la sécurité routière italienne scrute avec minutie les statistiques sur les accidents de la route. Et pourquoi elle use de la carotte et du bâton : règles plus strictes, multiplication des panneaux, radars fixes et mobiles, veulent dissuader les amateurs de vitesse sans scrupules, etc. Amendes salées, retraits de points du permis complètent cet arsenal auquel l’Auto Club d’Italie (ACI), ajoute qu’il faut surtout agir à la base.

À la base, il y a surtout des chiffres inquiétants, souligne l’ACI. En effet, si 6,4% des conducteurs italiens courent le risque de causer un accident au volant dans le courant de l’année, ce pourcentage passe au double, 13,5%, pour les étrangers ! Et, le croira-t-on, parmi ces étrangers toutes nations confondues, les plus nombreux à provoquer des accidents sont … les Argentins, les Français et les Roumains ! Mais, il y a aussi parmi eux une bonne proportion d’Africains !

C’est pourquoi, suivant le principe de la montagne qui va à Mahomet quand Mahomet ne veut pas aller à la montagne, l’ACI a carrément déplacé ses cours de conduite au sein d’une des plus prestigieuses universités catholiques de Rome, la Salésienne. Elle y dispense depuis 2012 des cours de conduite pour les religieux étrangers venant étudier à Rome et qui prennent trop rapidement le volant, sur la base de la seule réalité de conduite de leurs pays d’origine. L’ACI note, d'après les statistiques annuelles, que ceux qui causent les accidents les plus graves parmi les étrangers sont les Tunisiens, les Ukrainiens, les Roumains, les Marocains et les Moldaves.

Les pires au volant seraient, affirme l’ACI, les Égyptiens, les Péruviens, les Albanais et les Chinois ! À la Salésienne, est donc née l’idée de former les conducteurs de l’excellence parmi les communautés étrangères. Ils auront le titre d’ « Ambassadeurs de la sécurité routière ». L’objectif est de former en tout 3.000 conducteurs plus respectueux du code de la route italien et capables d’inciter à des changements de comportement au volant dans leurs familles et leur communauté.

Une autre donnée, non officielle, qui a dû encourager ACI dans sa démarche, est le fait que les religieuses étrangères sont les moins nombreuses à prendre le volant en Italie. La formation actuelle les vise donc en priorité. Mais, indique Ascanio Rozera, secrétaire général de l’ACI, il n’y aurait aucun intérêt à donner des cours de conduite à des prêtres et à des religieuses dans une université catholique s’il s’agissait de se limiter à ce qu’ils peuvent apprendre dans n’importe quelle auto-école. « Aux règles, statistiques, comportements et code de la route, nous intégrons dans nos leçons l’examen approfondi de valeurs comme la vie dans ses différentes déclinaisons, mais aussi l’intégration ou la famille », précise-t-il. Aujourd’hui, parmi les 60 étudiants on compte une majorité de religieuses africaines venues de République démocratique du Congo, du Nigéria et aussi, d’Angola et du Tchad. Des bonnes sœurs conduisant avec des permis italiens dans les rues des villes d’Afrique centrale seront bientôt une réalité !

Lucien Mpama