L’Etat islamique profite des faiblesses de la Libye pour s’implanter en Afrique

Lundi 27 Février 2017 - 16:15

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Les services de renseignement italiens appellent à se mobiliser contre les tentatives de renforcement des djihadistes en Afrique.

C’est par la Libye, et en profitant des fragilités de cet Etat depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi, que l’organisation djihadiste de l’Etat islamique a essayé de se renforcer en Afrique. Un contexte politique incertain et un manque de contrôle effectif et souverain du territoire : l’Etat islamique, subissant déboires sur déboires dans ses fiefs initiaux d’Irak et de Syrie, a vite fait de se déporter sur les côtes libyennes. À 300 km de l’Occident honni et sur le terreau d’un fourmillement de réseaux criminels, il y a trouvé le meilleur positionnement pour déverser sa propagande et sa haine des croisés.

Ce constat émane des services secrets italiens. Dans leur « Relation sur la politique d’information pour la sécurité 2016 » les ”007”, comme on les appelle en Italie, soulignent que « la situation libyenne a aidé à alimenter l’effervescence des groupes extrémistes sur l’entière façade maghrébine, où le terrorisme djihadiste, entremêlé à des phénomènes endémiques de criminalité, a abouti au renforcement des groupes comme Daesh (acronyme arabe de l’organisation de l’Etat islamique, Ndlr), s’aidant surtout de groupes locaux ».

Le rapport a été présenté lundi au palais Chigi, la primature, à Rome. Il affirme que le résultat de cette situation est une implantation dans et autour de Syrte, la ville natale de Kadhafi, d’une base stratégique de l’organisation et de cellules plus ou moins structurées à Sabratah et à Bengazi. « C’est une réalité caractérisée par des groupes extrémistes, mais chacun poursuivant ses propres finalités », soulignent les experts. Une de ces finalités est l’aggravation du phénomène des flux migratoires. Or aujourd’hui, la « Route méditerranéenne » est devenue la voie principale empruntée par les migrants pour entrer en Europe, notent les services.

Contrairement aux autres années, l’hiver ne s’est pas caractérisé par une baisse du nombre de migrants en Mer Méditerranée. Mais les contrôles au Maroc et en Espagne les ont poussés à tenter de plus en plus leur chance d’entrée en Europe par les ports italiens. Plus de 2.700 personnes ont ainsi été secourues la semaine passée au large de la Libye. Elles  sont arrivées ces derniers jours en Italie. Parmi elles, un nouveau-né venu au monde sur un navire de secours de la police norvégienne, portant le total de migrants venus en Italie à plus de 12.000 cette année, soit une hausse de 30 à 40% par rapport aux deux premiers mois de 2015 et 2016, selon les chiffres officiels.

Mais la traversée de la Méditerranée est toujours aussi périlleuse : 5000 morts l’an dernier, plus de 350 depuis le début de 2017, selon l’ONU. Cela ne dissuade pas les téméraires à tenter leur chance. D’autant que, de leur côté, les passeurs multiplient les audaces – et les profits ! L’organisation européenne de surveillance des frontières extérieures, Frontex, s’est insurgée lundi contre des ONG qui viennent  en aide aux migrants en Mer créant, sans le vouloir, un véritable appel d’air.

« Il faut éviter de soutenir l'action des réseaux criminels et des passeurs en Libye en prenant en charge les migrants de plus en plus près des côtes libyennes ». Car cela « conduit à ce que les passeurs chargent toujours plus de migrants sur des bateaux inadaptés, sans leur fournir assez d'eau et de carburant », a tempêté Fabrice Leggeri, le patron de Frontex.

Lucien Mpama

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