Liberté de la presse : le gouvernement appelé à créer des mécanismes internes à la protection des journalistes

Lundi 4 Novembre 2019 - 18:00

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Freedom for journalist (FFJ) souhaite que l'exécutif national, qui a promis de dépénaliser les délits de presse, le fasse le plus vite possible et crée un environnement favorable à l’exercice de la profession.

A l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la fin de l’impunité des crimes contre les journalistes, célébrée chaque 2 novembre, FFJ a demandé au gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) de créer des mécanismes internes à la protection des journalistes et à initier des réformes légales au profit d’un exercice libre et indépendant du métier d’informer. « FFJ note que l’impunité a longtemps été accordée aux prédateurs de la liberté de la presse protégés par des dépositaires du pouvoir d’Etat, eux-mêmes fichés complices », a regretté cette organisation.

Tout au long de l’année 2019, a-t-elle soutenu, toutes les typologies des violations de la liberté de la presse ont été réunies, allant de l’assassinat aux pressions judiciaires et administratives, en passant par des cas d’agressions des journalistes, professionnels des médias et d’incendie des maisons de presse dont les origines ne sont jamais accidentelles. « La RDC est le pays où la règlementation de la liberté de la presse est encore liberticide puisque mise en place sous la dictature du président Mobutu mais qui reste encore en vigueur. Les gouvernements qui se sont succédé avaient promis de s’impliquer dans la réforme de la loi mais aucune avancée n’a pu être enregistrée », a fait constater FFJ dans sa déclaration faite le 3 novembre.

Citant l’exemple de l’enquête qui a été diligentée sur l’assassinat du journaliste Franck Ngyke, en 2005, et d’autres journalistes évoluant dans l’est du pays, victimes de la barbarie des groupes armés, cette ONG a relevé que les enquêtes gouvernementales conduites sur des cas d’assassinats des journalistes ont souvent laissé le goût d’inachevé. Alors que, dans certains cas, des condamnations n’ont visé que des exécutants présumés, tout en accordant une puissante protection d’Etat aux commanditaires.

Pendant que le monde commémorait cette journée, FFJ a dit aussi regretter l’assassinat, dans la nuit du 2 au 3 novembre, de Papy Mumbere Mahamba, journaliste à la radio communautaire Lwemba, une station émettant à Lwemba, dans la province du Nord-Kivu. Ce journaliste, a fait savoir cette organisation, est le premier à être assassiné sous le nouveau régime du président Tshisekedi. « FFJ appelle donc le gouvernement à s’impliquer pour de sérieuses enquêtes et l’établissement des responsabilités », a-t-elle indiqué.

Notant que la liberté de la presse est la mère des libertés et le thermomètre d’un Etat de droit, FFJ a souligné que le caractère liberticide de la loi en vigueur est décrié, alors que l’ébauche déposée au parlement n’a enregistré aucune avancée. Ce qui conduit cette association à inviter, dans sa déclaration, le parlement à accorder le bénéfice de l’urgence à la proposition de loi portant protection du journaliste et celle portant accès à l’information, comptées parmi les arriérés législatifs.

FFJ souhaite que le gouvernement central, qui a promis de dépénaliser les délits de presse, le fasse le plus  vite possible et crée un environnement favorable à l’exercice de la liberté de la presse. Elle a relevé que l’assassinat du journaliste Mumbere porte le nombre des cas d’atteintes à la liberté de la presse à quatre-vingt-sept, craignant que le bilan soit bien lourd au 10 décembre, à la publication de son rapport annuel lors de la célébration de la Journée de la Déclaration universelle des droits de l’homme. « Il est de notoriété publique qu’environ deux décennies de la gouvernance de M. Kabila, les journalistes et les professionnels des médias ont connu des atteintes à leur sécurité physique.  Au nombre des atteintes, il y a des menaces de poursuites, arrestations, détention, déni d’accès, absence d’enquête et de poursuites », a souligné FFJ, qui exige une enquête sur l’assassinat de ce journaliste dans l’est du pays.

Lucien Dianzenza

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