Libye : les forces pro-Haftar s’emparent de Syrte

Mardi 7 Janvier 2020 - 11:30

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Les forces loyales à l’homme fort de l’est du pays continuent à gagner du terrain après avoir repris cette ville du centre, le 6 janvier, portant un coup dur à leurs rivales, dans un contexte régional tendu après l’annonce par la Turquie d’envoi de troupes pour soutenir les pouvoirs des autorités basées à Tripoli.

La perte de Syrte, située à 450 km à l’est de la capitale libyenne, représente un sérieux revers pour le Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU. Cette ville était contrôlée depuis 2016 par le pouvoir de Tripoli, notamment après y avoir chassé le groupe Etat islamique (EI).

« Syrte a été totalement libérée », a annoncé Ahmed al-Mesmari, porte-parole des forces pro-Haftar, lors d’une conférence de presse à Benghazi (est). « L’opération militaire » avisée plus tôt par les pro-Haftar n’a duré finalement que trois heures, a ajouté le porte-parole, soulignant que les forces fidèles au maréchal Khalifa Haftar sont entrées dans Syrte quasiment sans combat alors que plusieurs combattants pro-GNA ont été faits prisonniers et d’autres se sont enfuis, leurs équipement saisis.

Pour Ahmed al-Mesmari, la prise de Syrte est le résultat d’une « préparation minutieuse qui a duré des mois », avec des raids aériens réguliers contre la « Force de protection de Syrte » qui contrôlait la ville et est composée essentiellement de combattants venus de Misrata (250 km à l’ouest de Syrte).

Un commandant militaire pro-GNA qui était dans Syrte a confirmé sous couvert d’anonymat la perte de la ville et le retrait de leurs forces hors de Syrte, dénonçant une « trahison » d’un groupe armé salafiste, qui a changé de camp lors de l’entrée des forces de Haftar. Quant au GNA, il n’a pas réagi jusqu’ici à ce revers.

L’opération menée à Syrte n’est pas la première du genre des troupes de l’homme fort de la Cyrénaïque dans la ville. Pas plus longtemps qu’en septembre dernier, deux combattants avaient été tués dans des raids aériens des forces pro-Haftar contre des troupes loyales au GNA dans la ville.

Par ailleurs, Khalifa Haftar, qui tente depuis le 4 avril de s’emparer de Tripoli, avait déjà donné un « ultimatum » aux combattants de Misrata qui composent l’essentiel des forces du GNA, pour se retirer de Tripoli et de Syrte. La semaine dernière, il a annoncé la « mobilisation générale » et le « jihad » contre une intervention militaire turque en Libye en soutien au GNA.

La situation qui prévaut en Libye a conduit l’émissaire de l’ONU pour ce pays, Ghassan Salamé, à affirmer sa « colère » en réclamant une nouvelle fois l’arrêt des interférences étrangères dans le conflit libyen. Il s’exprimait à l’issue d’une réunion de deux heures avec le Conseil de sécurité à New York.

Selon des experts, les combats persistent en Libye parce que plusieurs pays s’y sont engagés dans un conflit par procuration. Le maréchal Haftar est, d’après ces analystes, soutenu par l’Egypte et les Emirats arabes unis – deux rivaux régionaux de la Turquie et d’un autre allié du GNA, le Qatar - qui lui fournissent un appui diplomatique et militaire. La Russie est, quant à elle, soupçonnée d’avoir envoyé des mercenaires pour prêter main forte aux pro-Haftar. Ce que Moscou a toujours démenti.

La crise libyenne a été au centre de la visite que le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, a effectuée, le 6 janvier en Algérie où il a discuté avec le nouveau chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, de « l’aggravation de la situation » dans son pays. De même, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s’est rendu le même jour dans la capitale algérienne pour une visite officielle de deux jours. Une occasion ayant poussé les autorités algériennes à appeler la communauté internationale à imposer un cessez-le-feu en Libye.

En proie à des luttes d’influence, la Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Deux autorités se disputent son contrôle : le GNA reconnu par l’ONU et le pouvoir de l’est ayant un gouvernement et un Parlement acquis au maréchal Khalifa Haftar.

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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