Ligue des champions : le Paris-Saint-Germain a-t-il l’étoffe d’un vainqueur ?

Samedi 22 Février 2014 - 13:52

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Large vainqueur à Leverkusen mardi soir (4-0), le PSG de Zlatan Ibrahimovic a déjà un pied et quatre orteils en quart de finale. Fort d’une prestation d’une grande maîtrise technique, les Parisiens ont envoyé un message fort : ils ont progressé par rapport à la saison dernière et débordent d’ambitions. Mais le club parisien peut-il aller jusqu’au bout et soulever la Coupe aux grandes oreilles, à Lisbonne, le 24 mai ?

Mardi soir, le Paris-Saint-Germain a écœuré les 28 000 spectateurs de l’ultramoderne BayArena de Leverkusen. Dans le sillage du trio Matuidi-Verratti-Ibrahimovic, les Parisiens ont surclassés l’actuel deuxième de Bundesliga. Certes le Bayer traverse une période difficile et restait sur deux contre-performances à domicile (élimination en Coupe d’Allemagne et défaite en championnat), mais nombre d’observateurs annonçaient au PSG son premier vrai test d’envergure de la saison.

Un phase de poules très favorable avant d'arriver en huitièmes de finale
Il est vrai que le tirage au sort des groupes de la Ligue des champions avait été plutôt clément avec le champion de France 2013 : un Benfica décevant, un Anderlecht méconnaissable et un Olympiakos que tout le monde annonçait perdant. Finalement, le PSG aura survolé sa poule, avec un retentissant 5-0 à Anderlecht et un 3-0 infligé aux Lisboètes, et le club de Ndinga a chipé la deuxième place.

Une petite depression fin janvier balayée par le succès de mardi
Ajoutons que le PSG a connu une (toute) petite baisse de régime fin janvier avec une élimination en Coupe de France face à Montpellier, un match nul à Guingamp et quelques prestations moins abouties qu’à l’habitude. Pas de quoi provoquer une crise, mais suffisant tout de même pour faire monter la pression et provoquer quelques tensions, ravivées par les tergiversations de la direction concernant les prolongations de certains cadres (Thiago Motta, Maxwell et Matuidi).

Taclé par Just Fontaine, Matuidi a repondu avec brio sur le terrain
Mais il semblerait que les joueurs parisiens aient acquis un niveau de maturité qui leur permet, contrairement à la saison précédente, de convertir la pression en énergie positive. Prenons le cas de Blaise Matuidi, taclé dans la semaine par Just Fontaine, meilleur buteur du Mondial 1958, qui a déclaré que l’ancien Stéphanois « est un bon joueur de club, mais il n’a pas le niveau international. Il est surévalué. Comme Giroud. Il marque des buts, car il est costaud et technique. Il se bat et donne bien la balle, mais il est incapable de prendre de vitesse un défenseur ». Face aux Allemands, Matuidi a rapidement prouvé qu’il avait sa place au PSG, récupérant un ballon au milieu avant d’ouvrir le score à la troisième minute, non sans avoir grillé la politesse à l’axe central du Bayer. Également passeur décisif pour Ibrahimovic, Matuidi a réalisé un grand match et répondu sur le terrain aux critiques.

Un milieu de top niveau avec le génie du jeune Verratti
Son association avec Thiago Motta et Marco Verratti, extraordinaire mardi soir, dote le Paris-Saint-Germain d’un milieu de terrain de très, très haut niveau. À la fougue du Franco-Congolais s’ajoutent l’expérience et le talent de Motta et la vista géniale de Verratti. Si la maîtrise du PSG a été totale mardi soir, le jeune international de vingt ans a livré un récital au public local : petit pont, râteau à l’entrée de sa surface, passes lumineuses, interceptions, duels gagnants et dribbles endiablés.

Une défense solide et un attaquant hors norme...
Si Paris peut se targuer d’un milieu de qualité, la défense est également de haute facture : l’axe Silva-Alex est complémentaire et performant, tandis que Van der Wiel est enfin au niveau de Maxwell. Mais l’argument numéro un des Parisiens demeure l’incroyable Ibrahimovic. Même en marchant la moitié du match, le Suédois a brillé, récoltant les éloges de la presse germanique : capable de décrocher assez bas pour être au cœur du jeu et combiner avec son petit protégé, Verratti, il n’a eu besoin que de trois minutes pour s’offrir un doublé avec un penalty chirurgical et une frappe du gauche en lucarne, flashée à plus de 100 km/h.

Derrière le duo Cavani-Ibrahimovic, les offensifs parisiens sont à la peine
Mais en l’absence de Cavani, qui devrait être revenu pour le match retour, les carences des autres éléments offensifs du PSG pourraient se révéler handicapantes : Lavezzi est aussi généreux qu’inefficace, malgré un penalty obtenu mardi, et Lucas a une fâcheuse tendance à mal conclure tout ce qu’il entreprend. Dans le même registre, Pastore brille davantage par son irrégularité que par son génie, tandis que Menez ne fait plus partie des plans du staff de Laurent Blanc. Un staff que l’on dit en porte-à-faux avec les cadres du vestiaire (Silva, Ibrahimovic, Motta), plutôt réticents lors du transfert de Yohan Cabaye fin janvier. Si l’ancien Lillois, arrivé de Newcastle n’a pas déçu pour l’instant et a même clos le score mardi d’un tir que n’aurait pas renié Zlatan, la logique, et la volonté manifeste du vestiaire penchaient davantage pour renforcer les ailes parisiennes plutôt qu’un milieu au sein duquel le jeune Rabiot s’était montré à la hauteur à chaque apparition. Certes les candidats n’étaient pas légion, puisque les Argentins Mata et Di Maria et le Portugais Nani ont été évoqués, mais avant l’inconvénient de ne pas être éligibles en Ligue des champions. C’est donc avec deux superbes canonniers, mais sans ailiers du même calibre, que le PSG tentera de se hisser jusqu’en finale.

Le Real et le Bayern sont supérieurs au PSG, le Barça et Chelsea semblent abordables
Est-ce réalisable ? Théoriquement oui, car tout est possible en football, a fortiori pour une équipe de cette qualité. Mais, malgré sa nette progression, le Paris-Saint-Germain semble encore légèrement inférieur au champion en titre, que l’addition des individualités et de la force collective place au-dessus de la mêlée et au Real Madrid, qui a trouvé équilibre et cohérence après une entame de saison hésitante. Eliminée sans perdre, en quart de finale, par le Barça, la formation parisienne parait en mesure de prendre sa revanche et l’affrontement entre les milieux francilien et catalan pourrait être prometteur. Pour Chelsea, le PSG représenterait également un danger et l’issue d’un duel serait très incertaine. Mais le banc parisien reste tout de même inférieur à ceux du Barça et des Blues.

Pour aller à Lisbonne, l'idéal est de ne pas croiser le Real et le Bayern avant la finale
Face aux autres équipes encore en course (Manchester United et City, Arsenal, Olympiakos, Milan AC, Atlético, Galatasaray, Schalke et Dortmund), le PSG serait en revanche favori. Sans être à l’abri d’une déconvenue, le Paris-Saint-Germain peut donc aller au bout, mais devra compter sur des facteurs positifs (pas de blessure, ni de suspension de ses joueurs cadres) et sur une certaine réussite dans le tirage au sort. L’idéal pour Paris serait, en effet, de ne croiser le Bayern ou le Real que le 24 mai, à Lisbonne, pour la finale. Mais d’ici-là, il faudra battre tout le monde.

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le Suédois Zlatan Ibrahimovic triple le score juste avant la pause d'une frappe puissante. (© Adiac) ; Photo 2 : Écorché par Just Fontaine, Blaise Matuidi a mis le PSG sur les rails dès la troisième minute. (© Adiac) ; Photo 3 : Pour aller jusqu'en finale, le PSG comptera sur son trio Matuidi-Motta-Verratti et sur l'incontournable Ibrahimovic. (© Adiac) ; Photo 4 : Lucas et Lavezzi, au même titre que Menez et Pastore, ne sont pas à la hauteur du reste de l'équipe et pourraient être un frein aux conquêtes parisiennes. (© Adiac)