Opinion

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L’innommable !

Vendredi 13 Septembre 2013 - 0:45

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Vous croyez naïvement, vous homme de la rue,  que conformément au dicton populaire le ridicule ne tue pas. Eh bien détrompez-vous, il tue et il tue bien !

En voici la preuve. 

Conseillée par un certain William Bourdon  –  celui-là même qui poursuit depuis des années le Congo de sa vindicte  –  dans sa démarche folle visant à faire revenir en Europe la dépouille mortelle de Pierre Savorgnan de Brazza, une partie de la famille italienne de l’illustre explorateur a obtenu mercredi de la justice française une décision allant dans ce sens. Oui, vous avez bien lu : il s’est trouvé en France des juges assez fous, assez hors du temps, assez déconnectés de la réalité, assez ignorants de l’Histoire, assez méprisants de l’Afrique et des Africains  pour s’en prendre à l’homme, mort depuis plus d’un siècle, qui avait consacré sa vie au Congo et rêvé de vivre son éternité parmi nous, près du fleuve, au cœur même de la capitale qu’il avait fondée. 

N’ayez nulle inquiétude vous qui lisez ces lignes et qui venez à intervalles réguliers vous recueillir à Brazzaville devant les tombes de Pierre Savorgnan de Brazza, de sa femme, de ses enfants: l’arrêt rendu par la Cour d’appel de Paris ne sera jamais exécuté pour la simple et bonne raison qu’un tribunal étranger ne saurait s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays libre. Interrogez-vous, en revanche, sur la signification réelle de ce jugement qui confirme sans discussion possible que le néocolonialisme est plus vivant, plus agressif, plus insupportable que jamais dans un pays, la France, qui ne cesse de donner des leçons de démocratie et de bonne gouvernance aux peuples de la terre.

Et puis demandez-vous ce qui a pu pousser de lointains, très lointains parents de l’explorateur à se tourner, pour plaider devant les juges français la cause injustifiable qu’ils défendaient, vers le descendant d’une famille qui bâtit elle-même sa fortune, au temps de la colonisation, sur l’asservissement du peuple indochinois. Il ne fait aucun doute à nos yeux que Pierre Savorgnan de Brazza, trahi une nouvelle et ultime fois par son propre pays, se retourne aujourd’hui, écoeuré, dans sa tombe. Mais qu’il se rassure : nous Congolais, qui l’avons accueilli parmi nous comme un frère, ne laisserons pas l’innommable s’accomplir !

Les Dépêches de Brazzaville

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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