Lire ou relire: « Gerbes de fleurs » de Neil Davis Batchi

Vendredi 25 Mai 2018 - 20:20

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Recueil de soixante-dix-huit pages publié en 2013 à l'Harmattan, l'ouvrage est le chant intérieur d'un prêtre poète. La mort, l'amour et le sacré y sont peints avec beaucoup de lyrisme à travers trente-six poèmes.

 L'envolée poétique s'inaugure par une évocation nostalgique des partisans de la négritude. Césaire, Senghor, Gontran Damas et Frobenius trouvent ici un porte étendard de leur lutte devenue presqu'un simple slogan. Un souvenir qui mène Neil Davis Batchi, par le biais de la plume, aux sources de son inspiration.

Sur les traces de ses patriarches littéraires, le poète compose des vers libres, comme un bouquet de fleurs, présentés dans le style du snoprac de l'écrivain congolais, Benoît Moundélé-Ngollo. Il chérit l'idée de la transmission du patrimoine immatérielle des aïeux à la génération actuelle. Cette sagesse du verbe divin qui offre à tous les peuples "la connaissance de l'au-delà".

Un transfert d'émotions crée, à travers des complaintes dédiées aux trépassés, une proximité entre la vie et la mort. Neil Davis Batchi a le génie de faire revivre les êtres d'outre-tombe dans la pensée du lecteur jusqu'à faire aimer l'éventualité de sa propre mort. La mort est perçue comme un passage incontournable en vue du banquet céleste dont la vie est une préparation.

Aussi les destins interrompus, les amours arrachés, les vies fauchées inopinément entrent-ils, certes, dans le lot des angoisses des vivants, mais cela, pour le poète, marque en même temps  le signe du début d'une vie transmutée dans l'invisible. La contingence de ce mystère est ce qui fit dire au philosophe Martin Heidegger, "dès qu'un homme est né, il est assez vieux pour mourir" (in L'être et le temps).

Dans le musée de la mémoire du poète se trouve graver, en lettres d'or, l'image de Mgr Kombo  à qui il consacre un poème apologique. Nous lisons dans l'une des strophes ''en compagnie de Jésus notre Frère la soutane de Kombo guida les Congolais ses frères sur le chemin de la réconciliation pour tourner une page historique de leur chère patrie"(page 31).

A ce tragique, Neil Davis Batchi peint un tableau plutôt romantique en exaltant la beauté des femmes africaines sous sa double facette, extérieure et intérieure, tantôt par des anecdotes, tantôt par la mise en évidence de ses valeurs qui s'ajoutent à leur charme. "Femmes, nous avons besoin de vous pour exhumer les bonnes mœurs que nous inhumons au nom de la modernité que nous aimons"(page 43), écrit-il.

Le comble de sa verve se déploie dans le rappel des bons moments passés dans la structure du séminaire où il fut formé pour la vie sacerdotale. L'écriture, pour ce prêtre poète, n'est-ce pas le prolongement -protéiforme- de ce même sacerdoce?

A voir l'absence des signes de ponctuation dans ce recueil, exceptés quelques points de suspension qu'on peut y trouver, le poète se révèle avant tout un homme exercé à la parole, une parole émanant certainement de profondes cogitations. "Gerbes de fleurs" a bénéficié de la préface de Pierre Ntsemou.

Aubin Banzouzi

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