Lire ou relire: "Le miroir du vent" de Jean Dello

Vendredi 3 Août 2018 - 20:54

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L'ouvrage dévoile un pan essentiel de la société congolaise de l'époque coloniale. Ecrit dans un français châtié, ce roman de cent trente-quatre pages, publié aux Editions Hémar, laisse transparaître un vocabulaire assez riche.

L'écrivain français, Stendhal, déclare qu'«il n'y a d'originalité et de vérité que dans les détails». "Le miroir du vent", écrit dans un style fort descriptif, représente une mine d'informations sur les mœurs des gens au temps de la colonisation, notamment sur la nature des relations entre les indigènes congolais et les immigrés français.

Pour qui a lu "Voyage au Congo" d'André Gide ou "Cœur d'Aryenne" de Jean Malonga, la trame de ce roman de Jean Dello ne ferait que renforcer la connaissance du fonctionnement du système colonial. Chaque auteur évoqué a conçu son récit en s'inspirant du vécu, révélant ainsi beaucoup de non-dits de l'histoire officielle.

"Le miroir du vent", selon la quatrième de couverture, conte avec verve l'histoire de Balsi depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte. A travers ce personnage fictif, on découvre ce qu'a été l'école et l'organisation sociale au Congo avant l'indépendance. Jean Dello mène le lecteur au cœur du village Banga, dans le district de Mvouti, au Kouilou, sa terre natale. Lui faisant visiter les coutumes de cette région océanique de la République du Congo ainsi que d'autres.

Le culte des ancêtres, le rite de la circoncision, la polygamie, le tchicoumbi, les scènes de chasse et de pêche, la solidarité dans la communauté  rurale édifient le lecteur sur les pratiques endogènes. Une toponymie particulièrement variée marque la dimension ethnographique et autobiographique du roman.

On peut noter la rivière Ndoudouma, le jeu appelé «lipato», le tipoye, les moutêtes, le tam-tam Nkoko, la légende de la déesse des eaux Tchimkabissi, la danse mangouida, le cibissi et les noms des localités comme Mandou Ngoubi, Ndjindji, Loudima, Mbounda. Ou encore des milieux ayant une connotation occidentale. L'école Saint-François, le lycée Chaminade, le cinéma Rex, la Société africaine d'entreprises.   

La vie en général était paisible malgré le joug colonial et le contraste entre la culture occidentale et africaine. Cependant, de part et d'autre, bienfaits et méfaits sont perceptibles, marquant l'universalité du bien et du mal. L'école, en effet, représente le lieu par excellence de rencontres et de socialisation. Milieu grâce auquel les clivages identitaires s'évaporent par la consolidation des amitiés.  

A propos de l'auteur, Jean Dello est titulaire d'un doctorat en ethnolinguistique. Il fut ministre des Postes et télécommunications, chargé des nouvelles technologies. Il a publié deux romans aux Editions Hémar, "Le miroir du vent" et "Le pardon".

Aubin Banzouzi

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