Lire ou relire : " Ne plus voir" d'Omer Massem

Jeudi 18 Avril 2019 - 21:15

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Sous-titré « Paroles altières pour Jean-Blaise Bilombo Samba », le recueil de poésie est un message de solidarité d’un amoureux des belles lettres envers l’un des plus grands poètes de la phratrie des écrivains congolais.

L’auteur du roman "Notre-Dame de Paris" (1831), Victor Hugo, écrivait dans "La légende des siècles" qu’« un poète est un monde enfermé dans un homme ». L’illustre poète Bilombo Samba, ayant perdu aujourd’hui la faculté de la vue à cause des complications du diabète, a rejoint plus intensément ce monde intérieur. Source de mots à nouvelle connotation, par lesquels il peignait l’univers ambiant qu’il ne verra plus qu’à travers les ombres, les sons et la sensibilité de la peau.

Le spécialiste en poésie, Omer Massem, passe du décodage à la sculpture des formes textuelles et consacre, à travers ce recueil tripartite, soixante-huit poèmes-monologues de longueurs disproportionnées, pour éterniser l’empreinte de son ami, poète. Il semble, en effet, plaindre a priori le handicap de ce dernier qui ne pourra plus témoigner ("Témoignages", premier recueil de Bilombo Samba, 1976) hors la nuit ("Hors la nuit", son deuxième recueil, 1993). Sinon dans la nuit des yeux par-delà les lumières du cœur. « Que diras-tu de l’avenue de la paix ? Et de ses quotidiennes ondulations humaines que tu voulais filmer ? Que feras-tu des nus des peintres du Congo ? Des pas picturaux de Remy qui ornent ton salon ? » ou « O veilleur malvoyant, Quel défi as-tu pris ? Sortir du côté visible des choses ? Aller dans l’essence des langages ? », l’interroge-t-il, avant de lui recommander de croiser « sur le volume des mots, la révolte de la douleur qui refuse la finitude humaine ».

Pourtant, rappelle-t-il, en même temps, l’interpellation de cette « musique des scholas qui chantent notre finitude comme un corps condamné » au dépérissement.

« Comme le chef qui ne voit pas le diable » (p. 29), le poète Jean-Blaise Bilombo Samba, dans une pérenne méditation, est dorénavant exempté par le ciel, de voir les laideurs de la terre, car « c’est le point du silence qui laisse émerger Dieu en nous » (p.77). Prenant le relais, Omer Massem se propose de faire écho de ses suaves poésies menacées d’oubli. « J’écris ces mots pour qu’ils (nos compatriotes) prennent tes livres de poésie pour être hors la nuit » soutient-il.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Couverture du livre

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