Lire ou relire : "Paroles d’Ailleurs"

Jeudi 21 Novembre 2019 - 19:58

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René Dumont disait dans "L’Afrique étranglée", « l’Afrique noire était mal partie ». Le recueil de soixante-dix-neuf poèmes de Benoist Saul Lhoni s’inscrit dans ce sillage.

L’auteur, par le titre de son recueil, fait une réminiscence de l’Afrique ancestrale qui, avec l’entrée du colon dans son histoire, connaît un destin autre et sombre. Trépignée, elle a « perdu les codes de son accomplissement » (p.14). Débarrassée de ses bras solides et valides « Malanda, Yulu, Tchimpa Vita, Matsoua » qui ont tenté une opposition farouche face à l’occupant scélérat, l’Afrique s’assimile à un serpent sans tête. Spoliée de ces valeurs, elle a perdu son essence même, car « l’entraide, assassinée, la solidarité, assassinée, la palabre, assassinée » (p. 31).

Aussi le poète pointe-t-il du doigt ses compatriotes qui sont des marionnettes des Occidentaux : « Nous sommes nos propres bourreaux » (p. 33), donc fratricides, « plus près de nous Ngouabi, Biayenda, Massamba-Débat » (p. 35) tous assassinés par les leurs, au nom de la bêtise humaine.  Face à cette tragédie, le poète s’érige en véritable défenseur des sans voix pour que s’estompe cette hémorragie qui peine à s’arrêter.

Benoist Saul Lhoni est un poète engagé. Par le biais d’une plume au style simple et limpide, il milite pour une Afrique vibrante et forte qui vit au rythme de ses propres valeurs culturelles, sans contrainte. Ce n’est que de cette façon que la mondialisation pourrait avoir son sens plénier ; au-delà des autres considérations, il demeure un concept vain et sans résonnance.

"Paroles d’Ailleurs", qui est la première publication du poète, a été édité par Acoria en 2008. Pour Amadou Elimane Kane, le préfacier de ce livre, « C’est une poésie évocatrice, troublante de la ronde arc-en-ciel des peuples et la majesté de la Renaissance Africaine » (p.7). Quant à Caya Makhélé, il déclare à la postface : « La poésie est l’art de garder ses sens en éveil. Saul Lhoni le sait. Il y ajoute le devoir de conscience, qui impose le courage de ne jamais se mentir à soi-même. Comme tout poète, il est face au miroir de sa parole, nous invitant par la même occasion à nous regarder sans complaisance » (p.97).

Benoist Saul Lhoni est né le 24 janvier 1954 à Brazzaville, en République du Congo. Il est rédacteur en chef de la revue "L’Arbre à Palabres" et auteur de plusieurs ouvrages.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

La couverture du livre

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