Lire ou relire : « Un Africain dans un iceberg » de Zounga Bongolo

Jeudi 4 Avril 2019 - 21:49

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L'ouvrage à suspens, publié aux éditions Paari, est une dénonciation du racisme que l’auteur a vécu pendant sa formation universitaire dans l’ancienne Russie. Une Russie qui n’est plus tout à fait la même.

Nelson Mandela déclarait, au temps de l’apartheid, « La Haine n’est pas innée…Les Hommes apprennent à haïr, et s’ils peuvent apprendre la haine, alors on peut leur enseigner l’Amour, car l’Amour gagne plus naturellement ». C’est dans cette logique que s’inscrit la plume engagée de Zounga Bongolo.

 L’année 1974, en Russie, marque une période caractérisée par un rigorisme sévère encouragé par un régime athée et hostile aux valeurs exotiques. Elle enseigne des règles d’un vivre ensemble entiché d’uniformisme où le mariage entre Russe et Noir est à peine toléré.

Tel est le contexte dans lequel sont racontées les différentes anecdotes pathétiques cristallisées autour des amours de Natacha, une étudiante russe, et Jan, un ressortissant du Congo. Cette relation sera la conséquence directe du racisme dont sera victime Jan.

En effet, l’apostrophe de Jan, « Alors pourquoi veut-on élever des barrières fictives entre toi et moi ? » (P. 143) est un rappel de cet « amour impossible à Saint Petersbourg », ce même amour interdit à Mambéké et Solange dans "Cœur d’Aryenne" de Jean Malonga.  Tandis que Natacha a une vision large des choses, allant jusqu’au-delà de l’idéologie politique soviétique de l’époque pour avoir contracté une relation hétérogène, elle sera mise au ban de la société.

La nouvelle de sa gestation décuple la haine viscérale de sa mère, qui se suicide après sa tentative d’homicide avortée sur sa fille. Si l’enfant est considéré comme le symbole de la réconciliation dans certaines cultures, celui-ci dans la relation de Natacha et Jan sera le foyer des tensions, allant jusqu’à leur séparation. De cette séparation résultera le crime de l’avortement.  

Dans ce roman autobiographique publié vingt ans après sa rédaction, dans lequel le lecteur découvre un abondant lexique russe, l’auteur dénonce le racisme et la discrimination en général comme un véritable frein à l’émancipation et à la solidarité humaine.

Docteur ès sciences pô de l’Institut pédagogique Hersen de Leningrad, en Russie, l’écrivain congolais, Zounga Bongolo, créateur de l’ancien journal "La Rue meurt", est auteur de trois autres romans, "L’enfant prodigue de Soweto", "Les sorciers de l’île Tibau" et "La tribuculose".

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Couverture du livre

Notification: 

Non