L’Italie participera à la mission européenne en Centrafrique

Jeudi 3 Avril 2014 - 17:59

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Le Premier ministre Matteo Renzi a précisé que son pays prendra part à la partie non guerrière de la mission de l’Union européenne

Le 4e sommet de l’Union européenne et de l’Afrique tenu à Bruxelles mercredi et jeudi, représentait pour Matteo Renzi un baptême en matière de politique africaine. Le Premier ministre italien a eu des tête-à-tête avec des dirigeants africains au cours de ce sommet, et promis au Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, que son pays participera bien à la mission européenne en Centrafrique. Mais ce sera une participation a minima.

« Notre contribution à la mission de l’Union européenne en Centrafrique ne sera pas militaire, mais consistera en l’envoi d’ingénieurs pour donner un coup de main au développement et à la coopération », a précisé le Premier ministre italien. Vague et précis tout à la fois. En tout cas, ce n'est pas un saut dans l’inconnu de la politique africaine où le Premier ministre ne semble pas vouloir s’aventurer avec plus d’élan. Tout à ses préoccupations de politique intérieure, sa politique africaine ne donne pas – pas encore – de ligne de lisibilité.

Matteo Renzi rappelle bien volontiers que son pays est le premier fournisseur des Casques bleus de l’ONU dans le monde ; que ses soldats sont partie prenante de toutes les missions de paix. Aussi avec le Secrétaire général de l’ONU, la conversation a porté moins sur des questions de paix mondiale que sur une préoccupation au cœur de l’actualité italienne de ces derniers mois : le procès en Inde pour « terrorisme » de deux fusiliers marins accusés d’avoir tué deux pêcheurs en pleine mer en février 2012. C’étaient des pirates, soutiennent les fusiliers ; de paisibles pêcheurs indiens, affirme-t-on à New-Dehli.

Pour le Premier ministre italien, il faut internationaliser cette affaire, puisque les lois indiennes ne cadrent pas avec le standard commun de justice. Qui plus est, l’affaire piétine depuis deux ans aussi du fait qu’elle est l’otage de préoccupations électoralistes au moment où l’Inde est engagée dans une vigoureuse campagne pour des législatives qui se tiendront à partir de lundi prochain. « Nous n’avons jamais rien demandé à personne alors que nous sommes les plus contributeurs des forces de maintien de la paix de l’ONU. Nous voulons que le Secrétaire général intervienne pour la libération de nos ‘marò’ injustement traités en Inde », a insisté Matteo Renzi, en parlant de ces fusiliers marins.

Et c’est toujours pour une préoccupation avant tout de politique intérieure que le Premier ministre a également noué ses premiers pas – ou entend le faire – avec les chefs d’État africains, notamment d’Afrique centrale. « Malheureusement, le président du Congo (RdC, Ndlr) n’était pas à Bruxelles aujourd’hui. Je l’appellerai pour résoudre cette question des adoptions qui me tient à cœur et qui doit trouver une solution », a-t-il indiqué. J’appellerai moi-même le président Kabila dans les prochaines heures pour cela. » 

La question des adoptions ? C’est cette véritable épine diplomatique entre la République démocratique du Congo et l’Italie. Une vingtaine de familles italiennes avaient rempli les formalités pour adopter autant de petits Congolais qui devaient arriver dans la péninsule pour les fêtes de fin d’année. Les familles avaient fait le déplacement de Kinshasa, certaines depuis novembre de l’an dernier. Mais à la dernière minute, le Congo, arguant de sa souveraineté et de la découverte d’irrégularités dans certaines adoptions, a bloqué tous les dossiers pour se donner le temps de les réexaminer au cas par cas.

Depuis lors, les choses n’avancent pas, au grand désespoir des adoptants italiens qui ont le sentiment de faire les frais d’entourloupes organisées par d’autres familles, sans doute occidentales, mais pas forcément italiennes. L’affaire est très sensible en Italie. Même l’ancienne ministre de l’Intégration, l’Italo-Congolaise Cécile Kyenge Kashetu qui s’en était saisie, a dû ensuite jeter l’éponge, ayant trop présumé de ce qu’elle pouvait faire. Sa mise à l’écart du gouvernement que dirige M. Renzi aujourd’hui, est vue par certains comme un facteur de blocage supplémentaire. D’autant que trois mois après son installation à la primature, Matteo Renzi semble avare de signaux de décryptage de sa politique africaine.

Lucien Mpama