L’Italie toujours décidée à favoriser une solution politique en Libye

Mercredi 10 Mai 2017 - 11:30

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La réconciliation entre les différents acteurs politiques libyens est essentielle pour un retour de la paix dans le pays et dans la région, estime-t-on à Rome.

Le ministre Angelino Alfano a effectué une brève visite de travail à Tripoli samedi dernier. Le chef de la diplomatie italienne y a rencontré le chef du gouvernement d’union reconnu par les Occidentaux, Fayez al-Sarraj, ainsi que le Premier ministre adjoint Ahmad Meitig. Avec les deux hommes, M. Alfano qui a longtemps été ministre de l’Intérieur avant de devenir ministre des Affaires étrangères au début de cette année, a parlé réconciliation en Libye et lutte contre l’immigration clandestine.

Un communiqué diffusé à la Farnesina (ministère des Affaires étrangères) à Rome avant la visite du ministre avait indiqué que celui-ci se rendait dans ce pays pour «renouveler le soutien de l'Italie à la réconciliation nationale et au dialogue, comme le seul moyen de stabilisation » de la Libye dont les côtes ne sont distantes de la Sicile, la région-île de l’extrême sud de l’Italie, que de 300 km. Cela explique que l’Italie soit prise littéralement d’assaut par les clandestins qui fuient la Libye pour gagner l’Europe par la Mer Méditerranée. Une entreprise qui a déjà coûté la vie à quelque 5000 d’entre eux l’an dernier !

L’Italie jouit d’un présupposé favorable en Libye, pays qu’elle colonisa brièvement dans les années 1930 et où son géant du pétrole, ENI, exploite pétrole et gaz. Mais elle mesure chaque jour la complexité de la situation libyenne. La désorganisation qui a suivi l’effondrement du régime du colonel Kadhafi assassiné dans l’insurrection de 2011, fortement appuyée par les Occidentaux, a favorisé l’implantation de l’Etat islamique. Ce mouvement qui est l’un des plus féroces mouvements djihadistes qui soient est né en Irak. Mais il a pris possession d’une portion de territoire libyen avec la prétention d’y implanter un khalifat comme en Irak.

L’Etat islamique a maintes fois menacé de lancer des attaques contre l’Italie. Et sur  place les forces libyennes en présence ne semblent pas désireuses de traiter ce mouvement en ennemi. Entre ceux qui veulent la « libération » des étrangers et ceux dont la réconciliation passe par l’affirmation de pouvoirs militaires forts, les acteurs libyens sont un casse-tête pour l’Occident. Avec qui traiter et qui a suffisamment d’emprise sur l’Ouest, l’Est libyen ? Et sur Tripoli la capitale, siège des institutions reconnues par l’Union Européenne ?

Signe de cet embarras, une conférence de presse prévue à la fin de la visite de M. Angelino Alfano à Tripoli n’a jamais eu lieu samedi sans qu’on n’en sache la raison. En mars une partie de l’opposition libyenne, appuyée par le Parlement, avait rejeté un accord de coopération conclu par Rome et Tripoli au motif que le gouvernement de M. Fayez al-Sarraj n’était pas représentatif de la complexité politique libyenne et donc, à ce titre, pas habilité à passer des accords internationaux.

Mais l’Italie a salué la semaine dernière la rencontre entre M. Sarraj et un autre protagoniste de la crise libyenne, l'homme fort de l'est libyen, le maréchal Khalifa Haftar. L’intérêt de l’Italie et de beaucoup de pays de l’Union européenne est que les flux migratoires à partir de la Libye tarissent, et que la menace de l’Etat islamique qui s’est déjà matérialisée par de nombreux attentats à Paris, Berlin, Bruxelles ou Londres, cesse. D’autre part, au moins onze migrants sont morts et plus de 230 autres sont portés disparus après deux naufrages au large de la Libye dimanche, autre aspect de cette question libyenne décidément à plusieurs variables.

Lucien Mpama

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