Littérature : les élèves découvrent le poète Gabriel Okoundji

Mardi 26 Avril 2016 - 14:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Invité par l’Institut français du Congo (IFC), le poète congolais Gabriel Okoundji, résidant en France et considéré comme une figure marquante de la poésie de langue française, a séjourné dans la ville océane où il a fait la ronde des lycées pour une série de rencontres avec les élèves du 19 au 23 avril.

 

 «Le grand challenge, la dimension fondamentale d’un écrivain comme moi est de redonner, de faire émerger, faire éclore cette belle part de ce que j’entends autour de moi pour la partager à d’autres peuples», a dit le poète qui a été reçu en résidence à l’IFC. C’est ce désir de transmettre qui explique la série des rencontres avec les jeunes, notamment les élèves des lycées Victor-Augagneur, Pointe-Noire 2, Mpaka et Charlemagne ainsi que ceux des clubs de lecture de l’IFC et de la sous-préfecture de Hinda dans le département du Kouilou. D’autres rencontres ont aussi eu lieu dans la salle Tchicaya U’Tamsi de l’IFC et à l’Espace Yaro avec projection du film sur le poète suivi d’une conférence.

L’émotion a été très présente aux rendez-vous avec ce grand homme. Ces rencontres, a-t-il confié, ont été un grand moment d’échange et de partage : « J’ai croisé des élèves qui ont faim de la parole poétique, qui ont soif du savoir, qui souffrent de ne pas avoir été alimentés par le livre. J’ai échangé et beaucoup partagé avec eux. Je les ai exhortés, encouragés et leur ai dit de se tenir debout malgré les difficultés car ils sont encore le champ des possibles». Le poète dit avoir donné aux jeunes mais aussi reçu des jeunes : «On attend de l’adulte la transmission du savoir. Mais le jeune peut aussi aider l’adulte à avoir le savoir. C’est d’abord l’âme qui porte le savoir et le plus important ce n’est pas d’être plus fort ou meilleur mais c’est d’être soi-même.»

Avec une démarche se situant à mi-chemin entre la poésie onirique, cosmique et la pensée philosophique, la poésie de Gabriel Okoundji est une interrogation permanente sur la vie. C’est une poésie d’initiation, de la transmission héritée du fait sociologique africain. Pour le poète, la parole est très importante, tout le monde à soif de la parole, c'est la vraie lumière de l'âme. Bien qu’étant loin de sa terre natale, l’homme est resté lui-même et n’a  jamais cessé de porter en lui ses racines téké et les valeurs traditionnelles de son pays.  «Je suis un homme qui porte la culture d’un peuple dans sa variété, sa diversité et dans la mosaïque des cultures qui composent le Congo. Toutes ces langues, toutes ces cultures, c’est là notre richesse», a-t-il expliqué.

La rencontre avec le club de lecture de l’IFC qui a clôturé la série d’activités du poète dans la ville a été ponctuée par la lecture de certains de ses poèmes, comme Gnia, chant traditionnel de Boundji (localité située dans le département de la cuvette) adapté en poésie, et De Mopembé, un hommage à un fou errant, tirés du recueil de poème intitulé Gnia paru aux éditions Cahiers de Poésie Verte en 2001. Tantôt joyeux, tantot mélancolique, Gabriel Okoundji a lu ses poèmes dont celui écrit en téké, sa langue maternelle, devant un auditoire silencieux et très attentionné buvant chacun de ses mots appuyés par des gestes et à qui il a su communiquer, au fur et à mesure, ses émotions au point de faire pleurer certains.

Ce fait, pour les élèves du lycée Pointe-Noire 2 qui ont pris part à cette rencontre, est l’une des raisons qui font de lui un grand poète. «J’aime l’œuvre de Gabriel Okoundji. Il est resté attacher à son pays et à l’Afrique. Quand  il lit ses textes, cela touche et éclaire mon âme et cela me donne envie de rejoindre ce monde de poètes. J’ai lu certains de ces textes et j’aime  le poème intitulé Le cycle d’un ciel bleu», a dit Claude Mankessi, élève en terminale. Pour Bonheur Pékeno, elève en terminale et poétesse en herbe, Gabriel Okoundji n’est pas comme les autres : «Il écrit ce qu’il aime. Aujourd’hui, il est là avec nous pour nous partager une part de sa pensée, de sa poésie et de ce qu’il est. Je me retrouve quand il parle. Il n’est pas de la catégorie de ceux qui oublient leurs valeurs traditionnelles.  Bien qu'il soit loin, il a un regard sur son pays, sur la jeunesse. Il nous a montré la voie. Nous serons là pour montrer aux autres l’importance des valeurs congolaises et la beauté du pays que nous avons.» Pour  Rodina Makanga, élève en seconde A3, Gabriel Okoundji a redonné de l’espoir : «Je viens de le rencontrer pour la première foi. Je n’ai pas encore lu ses livres mais j’ai été emporté par ses mots. Ses paroles me redonnent  de l’espoir et la force de comprendre certaines choses car avant j’avais des doutes sur le chemin à prendre pour atteindre mon but».

Touché par les propos des enfants pendant  les rencontres, Gabriel Okondji a appelé les autorités à des actions concrètes en leur faveur pour garantir leur avenir et celui du pays. Par ailleurs, il a encouragé les élèves à parler et à ne pas oublier leur langue maternelle pour rester soi-même. Notons que c’est en 1996 que le poète publie son premier recueil de poésie intitulé le Cycle d'un ciel bleu qui lui vaut le prix Pey de Garros. Il a à son actif de nombreuses œuvres (dont certaines sont traduites en anglais, en finnois, en basque et autres) et plusieurs prix parmi lesquels : le prix Senghor de Poésie du Cénacle européen (2014), le prix de poésie contemporaine Poésyvelines (2008) et le prix «Coup de Cœur 2008 » de l'Académie Charles Cros.

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

Photo 1-Gabriel Okoundji lors de la rencontre avec le club de lecture de l'IFC/crédit photo Adiac Photo 2-Une vue de la salle lors de la rencontre avec le club de lecture de l'IFC/ crédit photo Adiac

Notification: 

Non