Logement : les résidents de l’immeuble d’Air France demandent des éclaircissements avant d'en partir

Lundi 30 Juin 2014 - 17:24

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L’Etat congolais a-t-il vendu « l'immeuble rouge » situé en face de la maison d'arrêt de Brazzaville ? Cet impressionnant bâtiment construit au centre-ville au début des années cinquante pour le personnel européen local d'Air France, à l'époque où Brazzaville était la capitale de l'Afrique-Équatoriale française, appartenait-il à la société française ou bien à la compagnie multinationale d’Air Afrique ?

Dans une déclaration rendue récemment publique dans la capitale congolaise, les résidents de l’immeuble d’Air France (immeuble rouge) ont décidé de ne pas quitter ce bâtiment à la demande du « nouvel acquéreur sans décision du président de la République pour ne pas être complices de l’aliénation d’un patrimoine de l’État par des personnes non habilitées ». Ils rejettent, par la même occasion, les préavis déposés par l’huissier de justice. « Nous remarquons que la Direction centrale des logements et bâtiments administratifs (DCLBA) continue de prélever les loyers auprès des résidents jusqu’à ce jour. Ce qui, d’ailleurs, nous rassure de notre droit de continuer à y résider, ceci sans nous rendre compte des conclusions du 24 octobre 2012 », ont-ils souligné dans leur déclaration.

Ils contestent aussi la procédure menée par l’huissier de justice du « pseudo nouvel acquéreur » de s’adresser aux résidents au lieu de s’en prendre à la DCLBA. Les résidents maintiennent également leur position de quitter l’immeuble que si le président de la République, seul détenteur du pouvoir d’aliénation ou de vente d’un bien de l’État par ses services, leur demandait de le faire. « Nous demandons à la DCLBA, à compter de ce jour, de s’accorder avec l’huissier de justice et de nous laisser paisibles car nous sommes des Congolais et avons le droit d’être logés par l’État », ont-ils mentionné, soutenant l’action de la nouvelle équipe de la DCLBA qui lutte contre l’aliénation des bâtiments de l’État.

L’affaire remonte au 28 février 2014, lorsque le syndic des résidents de l’immeuble d’Air France a reçu la signification d’un préavis de trois mois pour libérer les lieux afin de permettre au nouvel acquéreur d’en prendre possession et d’y entreprendre des travaux d’aménagement. Selon le bureau du syndic des résidents, dans les documents joints à ce préavis, figurait le relevé de conclusions daté du 24 octobre 2012, signé, d’une part, par le représentant la DCLBA et, d’autre part, par le représentant du syndic de la liquidation secondaire de la multinationale Air Afrique au Congo.

Il ressort de ce document, a poursuivi le syndic, que l’immeuble d’Air France n’a jamais appartenu à l’État congolais et est une propriété de la compagnie Air Afrique, héritée de la société Air France et qu’aucun document ne justifiait l’occupation de ce bâtiment par la DCLBA. D’un commun accord avec la DCLBA, a-t-il ajouté, un délai de huit mois proposé par la DCLBA avait été accordé aux occupants en raison des commodités pour la scolarité des enfants pour quitter les lieux depuis le 24 juin 2013. « Ce qui est faux, car les investigations menées par des tierces personnes auprès des Français ne le confirment pas et restent sur la version d’un bien français légué à la République du Congo, non à une société, fut-elle multinationale. Malheureusement, depuis cette date, la DCLBA n’a jamais signifié aux résidents de l’immeuble l’existence de cet accord avec le cabinet du syndic liquidateur », déplorent les résidents, dénonçant l’état de psychose générale dans lequel ils vivent en raison de la pression de l’huissier de justice.

Rappelons que l’immeuble d’Air France compte près de cinquante-cinq appartements et studios et abrite près de 250 personnes. Depuis 40 ans, l’État congolais y loge des coopérants et des fonctionnaires congolais moyennant une retenue à la source directement opérée sur le salaire du résident.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

L'immeuble d'Air France en plein centre-ville de Brazzaville (© DR).