Lu pour vous - Égypte : l’éventuelle candidature du général Al-Sissi dans le viseur de la presse francophone

Mercredi 15 Janvier 2014 - 15:05

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Après avoir appris que le général égyptien al-Sissi, architecte en chef de la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, pourrait annoncer sa candidature à l'élection présidentielle après les résultats du référendum de mardi et mercredi, la presse francophone consacre ces derniers jours une bonne partie de ses colonnes à ce sujet

Al-Ahram, le quotidien égyptien, souligne que plus le temps passe, plus la surenchère sur la probable candidature du général Abdel-Fattah al-Sissi à la tête de l’Égypte s’échauffe. Il revient sur la déclaration de l’homme fort d’Égypte et cite en partie ses propos sur son éventuelle candidature à l’élection présidentielle :  « Si je dois déclarer ma candidature, il faut qu’il y ait une demande du peuple en ce sens et un mandat de mon armée. »

Le Figaro commente cette actualité en ces termes : « Il sera donc candidat à la présidentielle, si le peuple le réclame. Avec son képi sur la tête et son torse bardé de médailles, le général Abdel Fattah al-Sissi ne fait désormais plus mystère de briguer le poste de chef de l’État» Et le journal d’ajouter : « Pour beaucoup, il aurait d’ailleurs de grandes chances de l’emporter dans cette Égypte marquée par trois ans de remous postrévolutionnaires et minée par une sévère crise économique. L’absence de véritable icône politique dans un pays hanté par le mythe du "pharaon" et où la notion de démocratie est encore très fragile joue également à son avantage. "Notre pays a besoin d’un homme fort pour nettoyer le chantier laissé par Morsi. Sissi constitue notre unique sortie de secours", avance sans détour Tamer, un chauffeur de taxi.

Des propos régulièrement entendus dans les rues du Caire, où la photo du général de 59 ans, ancien chef du renseignement militaire, se décline sous une multitude de formes: posters habillant les devantures d’épiceries, affiches collées sur les pare-brise, tasses à café. En centre-ville, on vend même des chocolats à son effigie. Mais candidat ou pas, al-Sissi a déjà assuré ses arrières - au grand dam des jeunes révolutionnaires qui s’inquiètent du pouvoir des militaires. La nouvelle loi fondamentale, qui donne la part belle à l’armée, stipule en effet que la nomination du ministre de la Défense devra se faire durant huit ans avec l’accord du puissant Conseil suprême des forces armées. »

L’auteur de l’article du Nouvel Observateur publié à Paris sur le même sujet note ce qui suit : « Depuis des semaines, la candidature à la présidence de celui qui jouit d’une très grande popularité depuis qu’il a annoncé la destitution de Mohamed Morsi, et dont les portraits ornent les rues, les boutiques et certaines administrations, est sur toutes les lèvres. Une grande majorité de la population soutient le nouveau pouvoir et Abdel Fattah al-Sissi dans l’implacable répression menée contre les islamistes, en particulier contre les Frères musulmans. L’influente confrérie de Mohamed Morsi avait remporté toutes les élections depuis qu’une révolte populaire début 2011 a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak, lui aussi issu de l’armée, après 30 ans de règne absolu. »

« Les discussions autour de la candidature du général Abdel-Fattah al-Sissi, ministre de la Défense et vice-Premier ministre, à la présidence, suscitent une vaste polémique, entre affirmations médiatiques et négations officielles. Ce qui dévoile que cette question ne sera pas tranchée aisément et que cela ne se fera pas tout de suite », fait remarquer pour sa part Al-Watan.

Le quotidien algérien relève en outre que le général Abdelfatah al-Sissi répondait à une sollicitation des officiers participant à une conférence organisée par l’état-major de l’armée. Il précise : « Al Sissi n’a pas dit oui, mais il l’a suggéré […]. Le vice-Premier ministre s’en est pris au courant islamiste [les Frères musulmans] qu’il dit avoir averti quand il était chef des moukhabarate et affirme qu’"ils ne pouvaient pas réussir au pouvoir". «Leur problème est qu’ils ne savent pas que l’islam de la Jamaâ ne pourra pas réussir à gérer un État», attaque le général. Et d’accuser les Frères musulmans "d’intégrisme" en ce qu’ils refusent d’après lui les "nouvelles idées". « Ils vont rendre des comptes à Dieu pour les destructions, les tueries et la mauvaise image qu’ils ont donnée de l’islam dans de nombreux pays», tonne al-Sissi, contre les "Frères". »

Nestor N'Gampoula