Lutte contre Ebola : la « méconnaissance » du virus complique le travail de terrain

Mercredi 5 Juin 2019 - 14:00

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Les équipes soignantes continuent de rencontrer « quotidiennement » des personnes qui doutent à ce jour de l’existence de l’épidémie. Cette situation invraisemblable en cette période de renforcement de la lutte contre le virus est d’autant plus préoccupante que la République démocratique du Congo (RDC) a franchi officiellement la barre des deux mille cas depuis le 2 juin.

Dimanche dernier, les autorités sanitaires congolaises ont annoncé le passage à deux mille cas de fièvre à virus Ebola. Au même moment, certaines organisations internationales actives sur le terrain, dont l’ONG Oxfam, ont fait état d’une triste découverte dans leur contact direct avec la population.

En dépit de tout le bruit autour de l’épidémie, certaines personnes doutent encore aujourd’hui de son existence. L’ONG s’inquiète des graves conséquences sur l’efficacité de la lutte et même les campagnes de prévention. En effet, ces personnes réfractaires refusent tout simplement de se faire vacciner ou de se faire soigner dans une clinique. En fait, elles préfèrent rester chez elles, note-t-elle.

Bien entendu, cette nouvelle donne risque de compliquer davantage le travail des équipes de terrain. Comme le fait remarquer Oxfam, ce genre de rencontre du reste quotidienne vient rappeler le déficit communicationnel sur une matière aussi importante pour le pays. « Alors que nous travaillons à changer cela, trop de cas ne sont pas détectés car de nombreuses personnes qui présentent des symptômes évitent le traitement. Les équipes de terrain font face à un manque de confiance de la part de cette catégorie de la population. Ce manque de confiance rend impossible la rupture de la chaîne de transmission du virus », fait observer l'ONG.

Des raisons de s’inquiéter

Cette triste découverte arrive au moment le plus critique de la lutte contre le virus Ebola. En effet, certaines zones les plus affectées du pays enregistrent une montée de l’insécurité. Une ville comme Butembo, par exemple, dans l’est de la RDC, subit depuis quelques mois des attaques très violentes et meurtrières. Par conséquent, plusieurs organisations actives sur le terrain ont pris finalement l’option de suspendre carrément leurs interventions. Leur départ contribue malheureusement à la recrudescence de la maladie. «Ces interruptions ont sérieusement entravé les activités de vaccination, la décontamination des maisons ainsi que les inhumations qui doivent se faire dans des conditions de sécurité optimales », indique-t-on. A présent, plusieurs observateurs avertis confirment le risque potentiel pour le pays de franchir un autre pic au cours des prochaines semaines. Pour l’organisation internationale, rien ne saurait remplacer le dialogue en pareille circonstance. « L’instauration d’un dialogue avec les communautés permettra de trouver avec elles les solutions sûres pour contenir le virus ». Nous y reviendrons.

Laurent Essolomwa

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