Lutte contre le paludisme : l’OMS met en garde contre le manque de financement

Mercredi 14 Décembre 2016 - 11:00

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La lutte contre le paludisme s'améliore en Afrique pour les personnes vulnérables mais les progrès stagnent à l'échelle mondiale, selon un nouveau rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié, le 13 décembre.

Un « besoin urgent » en financement menace les progrès enregistrés dans le monde dans la lutte contre le paludisme. Le rapport 2016 souligne qu'après avoir fortement progressé entre 2000 et 2010, les financements alloués à la lutte contre cette maladie ont stagné. « Les manques de financement et des systèmes de santé fragiles sapent les progrès contre le paludisme et mettent en péril la réussite des objectifs mondiaux. Si l'on veut atteindre les cibles mondiales, une augmentation considérable du financement national et international est nécessaire », avertit l'OMS.

Le financement de la lutte antipaludique atteignait un total de 2,9 milliards de dollars, soit 45% seulement de l'objectif intermédiaire pour 2020, en matière de financement (6,4 milliards de dollars). Ce rapport sur le paludisme dans le monde révèle que les enfants et les femmes enceintes en Afrique subsaharienne ont un plus large accès aux interventions efficaces de lutte contre le paludisme. Toutefois, dans de nombreux pays africains, des lacunes importantes subsistent en matière de couverture par les programmes. Les déficits de financement ainsi que les systèmes de santé fragiles sapent les progrès accomplis et mettent en péril la réalisation des cibles mondiales, note le rapport de l'OMS sur cette maladie responsable de 429.000 morts en 2015.

Entre 2010 et 2015, le nombre de nouveaux cas a chuté de 21% et la mortalité de 29%, mais il y en avait toujours 212 millions en 2015, notamment en Afrique subsaharienne. Cette région du monde supporte une part disproportionnée de la charge mondiale du paludisme, avec, en 2015, 90% des cas de paludisme et 92% des décès. « Il y a certes des progrès… mais le monde peine toujours à atteindre des niveaux élevés de couverture par les programmes qui sont nécessaires pour combattre cette maladie. Les progrès sans précédent dans la lutte contre le paludisme sont un des plus grands succès de l'histoire médicale. Pour autant, un enfant meurt du paludisme toutes les deux minutes », a regretté Pedro Alonso, Directeur du Programme mondial de lutte antipaludique à l'OMS, déplorant que certains pays en pleine croissance n'aient pas accru leurs investissements contre la maladie.

L'OMS constate, malgré tout, des progrès, en particulier dans l'accès aux soins préventifs et aux dépistages en Afrique subsaharienne pour les enfants et femmes enceintes, des populations particulièrement exposées à cette maladie potentiellement mortelle, causée par une piqûre de moustique infecté. L'organisation note qu'entre 2010 et 2015 dans vingt pays d'Afrique, le nombre de femmes recevant un traitement préventif a été multiplié par cinq. Elle s'inquiète, toutefois, de la résistance grandissante des moustiques aux traitements et aux insecticides. « Nous avons besoin de nouveaux médicaments », souligne l’OMS.

Pour rappel, les États membres ont adopté, lors de l’assemblée mondiale de la santé en 2015, la stratégie technique mondiale contre le paludisme 2016-2030, qui fixe des cibles ambitieuses pour 2030 ainsi que des objectifs intermédiaires tous les 5 ans, afin de suivre les progrès accomplis.

Josiane Mambou Loukoula

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