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Lutumba Simaro comme Kouka Célestin

Vendredi 20 Mars 2015 - 20:55

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Vendredi 19 mars dernier, Lutumba Simaro a fêté ses 76 ans. Comme Kouka Célestin qui a commémoré ses 80 ans, un mois avant, le 5 février dernier. Simaro Lutumba est sociétaire de l’Ok Jazz que Kouka Célestin, Franco, Vicky,  Edo et les autres ont porté sur les fonts baptismaux en 1956. Comme Kouka Célestin qui sort le Cd de son jubilé,  Lutumba Simaro est au cœur du dernier numéro de la revue Rétro, à l’initiative d’Hugues Ngouélondélé, Député-maire de Brazzaville, ville de musique du réseau des villes créatives Unesco.

Simaro arrive dans l’orchestre Ok Jazz en 1961 en provenance de l’orchestre de Kalonji Raymond Braink, Kongo Jazz. Il remplace Bombolo Bolhen qui vient de quitter l’Ok Jazz. Il y trouve, outre Franco, Kwamy, Mujos, Albino Kalombo et Desoin. En mars 1961, il se rend en Europe avec son nouvel orchestre pour enregistrer sous la marque Surboum de Joseph Kabasele, premier éditeur congolais.

Licencié est l’un des premiers titres de Simaro qui connaît une large diffusion. C’est surtout Santa Guiguina qui le place sous les feux de la rampe. Quasiment dans la foulée de cette chanson, il crée Okokoma mokristo avec l’orchestre Vévé, un zong zing réalisé avec Kiamuangana Mateta qui vaut à ce dernier de quitter l’Ok jazz, pour donner corps à l’orchestre Vévé.

Le début de la décennie 70 est faste pour Simaro. Il lance Maélé. Son étoile brille au firmament musical du Pool-Malebo. Fort de ces succès, il enregistre l’orchestre Mi, la chanson Na lifelu bisengo ezalaka te. Ce titre révèle au public l’artiste Diatho Lukoki. Fifi nazali innocent vient juste après. Ntotu reste sans conteste la chanson qui marque un véritable tournant de la carrière de cet artiste surnommé par les chroniqueurs musicaux : le poète Simaro Masiya. Le succès de cette chanson est tel que Franco en prend ombrage. Elle marquera aussi un coup d’arrêt à la très forte prolixité de Simaro, à tout le moins sur le marché du disque. Macé puis Bongo lui redonnent l’occasion de s’illustrer de nouveau sur le marché du disque avant d’enchaîner avec Mbawu. Kadima met en vedette Jo Mpoyi, chanteur pop, passé à la rumba congolaise. Ce jeune prodige de la chanson éclabousse de sa classe l’univers musical des deux rives du fleuve Congo. Il récidive au début des années 80 avec  Mandola. Faute ya commerçant,  dans laquelle Simaro fait de nouveau chanter Sam Mangwana, est un véritable succès. Il revient, ensuite, en force avec Mbongo, chanté par Jo Mpoyi. Ces créations correspondent à la période de maturité de Simaro qui enfile les succès à un rythme effarant au cours de cette décennie 80.

Le décès de Franco, le 10 octobre 1989, fait de Simaro le dépositaire de la marque Ok Jazz. Il en prend les rênes. Mais, très vite, apparaissent les premières fêlures dans l’édifice du Tp. Ok Jazz. La scission intervient quelques temps après. Avec l’essentiel de la troupe Ok Jazz, Simaro s’en va fonder l’orchestre Bana Ok, en compagnie de Josky Kiambukuta, Ndombé Opetum, Gerry Dialungana, pour ne citer que les plus importants.

Lutumba remise sa guitare au moment où sort la revue Rétro Histoire et Mémoire, réalisée avec la contribution du Député-maire de Brazzaville, Hugues Ngouélondélé dont l’empathie pour les artistes des deux rives est proverbiale. C’est lui qui a permis d’anticiper ce raccrochage musical de Lutumba Simaro et de commettre cette livraison historique de Rétro. De la même manière, il a accepté de parrainer, au nom de Brazzaville, ville de musique, le disque du jubilé de Kouka Célestin, cofondateur de l’Ok Jazz et des Bantous de la capitale. Ce Cd est une compilation de ses œuvres majeures, un moyen de les faire passer à la postérité dans un nouvel écrin. Grand merci à Kouka Célestin et Simaro Lutumba pour la magnificence de leurs chansons qui ont illuminé l’univers musical congolais et d’ailleurs.

 

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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