Opinion

  • Le fait du jour

Lutumba Simaro : pas né jaloux

Samedi 16 Mai 2015 - 13:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Mfumu Di Fua Di Sassa, ou simplement Mfumu, aime la bonne musique. Il aime aussi les artistes-musiciens qui font de l’art d’Orphée l’essentiel de leur activité chaque jour que Dieu fait. On le perçoit à la lecture de Rétro Histoire et Mémoire, un ouvrage de plus de 200 pages, paru cette année 2015, aux ateliers Beaudley. Le journaliste et écrivain congolais, auteur de plusieurs textes sur la musique des deux Congo, le consacre particulièrement à l’œuvre de Simon Lutumba Ndomanueno dit Simaro Masiya.

Âgé de 77 ans, le 19 mars dernier, dont 57 de vie musicale, Lutumba est sans doute l’un des artistes-compositeurs les plus féconds de la rumba congolo-congolaise de ces soixante dernières années, si l’on en juge par l’immensité de son œuvre. Puisant sa thématique dans les arcanes de la vie de tous les jours, le compagnon pendant vingt-ans de feu Luambo Makiadi Franco dans l’Ok Jazz, s’est forgé une réputation de poète adulé. Manifestement, il faut dire Simaro Masiya « le Poète », si vous voulez que l’on sache que vous ne parlez pas de quelqu’un d’autre, mais bien de Lutumba Ndomanueno.

Pour mettre les chances de son côté, l’auteur a battu le rappel des critiques connus pour leur expertise en matière d’analyse des œuvres de l’esprit : Herman Bangi Bayo, Manda Tchebwa Tchamalu, Matondo Kubu Turé, Bouetoum Kiyindou, Grégoire Léfouoba, ou encore Charles Thomas Kounkou, ont chacun donné à comprendre, avec des mots d’une profondeur incontestable, la force du ou des messages portés par les chansons de Simaro.

Dire que le poète-compositeur a su,- les succès ont leurs attributs- trouver des interprètes de valeur pour rendre ces messages plus captivants ! De Djo Poy à Sam Mangwana, en passant par Carlito Lassa, Madilou Système, Pépé Kalé, ou encore Malage de Lugendo, le poète Lutumba est peut-être, au fond de lui-même, ce qu’il revendique dans l’interview réalisée par Herman Bangi Bayo reprise dans le livre de Mfumu : « Je ne suis pas né avec la jalousie ». Révéler au monde de la chanson autant de compagnons grâce à ses œuvres mérite en effet que l’on s’arme soi-même de beaucoup d’humilité.

Dans ce livre dédié à Lutumba, l’interview de Bangi Bayo est aussi un matériau qui permet d’en apprendre un peu plus sur l’artiste et sur la vie des orchestres installés rive gauche du fleuve Congo. L’homme parle de lui-même. De ses débuts timides à sa fulgurante ascension, il retrace son parcours par le menu, rappelle son amitié avec Franco, non sans évoquer les frictions apparues notamment avec la famille du « Grand maître » après son décès ; frictions qui débouchèrent sur la séparation puis presque la fin de l’Ok Jazz et la naissance des Bana Ok.

Le lecteur est aussi servi par des textes complets des chansons les plus emblématiques de la carrière de Simaro Masiya. Souvent, dans une chanson, les paroles écoutées à la radio ou sur un disque compact sont corrompues par les instruments. Les textes écrits fonctionnent dès lors comme des aide-mémoires. «Retro Histoire et Mémoire » a repris « Faute ya commerçant », « Testament ya bowule » et bien d’autres titres dont le succès auprès des mélomanes et des chroniqueurs n’a jamais été démenti.

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles